MOBILISATION CONTRE LA REMISE DU PSEUDO PRIX HOUPHOUET BOIGNY DE LA PAIX A FRANCOIS HOLLANDE
Décerner le Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix à
François Hollande une
erreur de casting ou une preuve de cynisme ?
François Hollande doit renoncer à ce prix !
Fondation Frantz
Fanon
http:// frantzfanonfoundation-fondationfrantzfanon.com
Le 21 février
dernier, François Hollande s’est
vu nommé pour recevoir le Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix[1],
décerné chaque année par l’UNESCO. Il le recevra le 5 juin prochain.
Il y a de quoi
s’étonner à plus d'un titre.
·
Comment François Hollande peut-il
recevoir ce prix alors qu’il
a porté et porte toujours la guerre au Mali, qu’il est à la pointe du combat
pour livrer des armes aux opposants au régime syrien et que la Force Licorne
est toujours active en Côte d’Ivoire alors qu’Amnesty International[2], dès 2011 a signalé que « les forces
internationales (à la fois les soldats français de la Force Licorne et les
forces de maintien de la paix de l’ONUCI) ont joué un rôle clé en Côte d’Ivoire
depuis leur intervention dans cette crise.» Ajoutant que «la
légitimité de la présence de ces forces de maintien de la paix a été remise en
cause (…) en novembre 2004 et en janvier 2006 » et que par
ailleurs ces « forces internationales ont fait usage de la force
létale aussi bien en novembre 2004 qu’en janvier 2006 » ?
·
Comment l’UNESCO, qui ne peut ignorer ces éléments,
a-t-il pu avaliser la suggestion du jury ?
Cette nomination risque
d’avoir de sérieuses conséquences sur l’image de l’UNESCO et particulièrement
sur la Commission internationale pour la recherche de la paix[3] mais elle porte aussi un nouveau coup à
la Charte des Nations Unies et à l’ONU qui n’en ont pas besoin alors qu’elles
sont niées, instrumentalisées, bafouées par nombre de membres de la communauté
internationale qui, au détriment des peuples, décident de réécrire de nouvelles
règles pour les relations internationales au profit de la finance et des
multinationales et des nouvelles aspirations impérialistes au prétexte de
combattre le terrorisme.
Elle oblige à constater
la rupture qu’il y a, d’un côté, entre le Peuple des Nations et de l’autre, les
gouvernants et les institutions internationales.
Depuis 1989, le prix Félix Houphouët-Boigny pour la
recherche de la paix [4]honore par ce titre
-composé d’une médaille en or, d’un diplôme de la paix et d’une somme de
150 000 dollars[5]-, « des personnes, institutions ou
organisations ayant contribué de manière significative à la promotion, à la
recherche, à la sauvegarde ou au maintien de la paix, dans le respect de la
Charte des Nations Unies et de l'Acte constitutif de l'UNESCO ».
Il est fait référence à
deux outils ; l’un est la Charte des nations Unies, acte constitutif et
fondamental de ce qui constitue et le Peuple des Nations et la communauté
internationale [6], l’autre concerne l’acte
constitutif de l’Unesco pensé par les gouvernements des Etats parce que «les
guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des
hommes que doivent être élevées les défenses de la paix[7]».
Ce prix a-t-il été décerné à François Hollande au vu de son action au Mali qui
garantirait la paix dans le respect de la Charte des Nations unies? «Préserve-t-il
les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l'espace d'une
vie humaine a infligé à l'humanité d'indicibles souffrances » ?
Cette action permet-elle
de « proclamer à nouveau notre foi dans (…) l'égalité de droits (…)
entre les nations, grandes et petites » ? Crée-t-elle «les
conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations
nées des traités et autres sources du droit international, (…) et à ces
fins à pratiquer la tolérance, à vivre en paix l'un avec l'autre dans un esprit
de bon voisinage et à unir nos forces pour maintenir la paix et la
sécurité internationales [8]» ?
Est-ce-que l’intervention
armée de la France au Mali mais aussi le maintien de la Force Licorne en Côte
d’Ivoire «contribue -selon les critères de l’UNESCO- au maintien
de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science et la
culture, la collaboration entre nations, (…) que la Charte des Nations Unies
reconnaît à tous les peuples » ?
Quelle autre action pacifique
a menée le Président de la République française depuis son élection ?
A-t-il, ainsi qu’il l’avait promis lors de sa campagne, «rompu avec la
Françafrique, en proposant une relation fondée sur l’égalité, la confiance et
la solidarité [9]» ?
Non, il n’a
pas été mis fin à la présence de la Force Licorne en Côte d’Ivoire. Par
ailleurs, il ne cesse de répéter qu’au Mali, « nous sommes en train de
gagner cette bataille [10] « ;
certains de ses ministres vont même jusqu’à affirmer que la France est
en guerre.
Guerre
contre qui ? Sur quelles bases légales au regard du droit
international ?
Depuis son non engagement
contre l'Irak, la France n’a de cesse d’endosser le statut de va-t-en-guerre.
Elle l’a fait en Libye, hors du cadre onusien mais au nom du droit d'ingérence
et de la responsabilité de protéger les populations civiles [11]. Elle cherche à prouver à ses alliés favoris
qu’elle continue à tenir son rang et qu’elle est à leurs côtés en allant
défendre leurs intérêts et les maigres privilèges qui lui restent, même si cela
est fait alors qu’elle sait que l'usage de la force ou même la menace de
l'usage de la force est interdit par l'article 2§4 de la Charte des Nations
Unies.
Cet article interdit de
manière absolue l’usage de la force et de la menace de l’utilisation de la
force. Cette interdiction- une des plus grandes conquêtes de l’humanité depuis
la deuxième guerre mondiale- est une garantie normative visant la paix et
la sécurité internationales pour tous les Etats et les peuples.
Le droit international ne
prévoit, en effet, que deux cas de recours licite à la force armée, soit
lorsque les mesures de coercition armées sont décidées par le Conseil de
sécurité sur la base de l’article 42 de la Charte des Nations Unies en cas de
menace contre la paix, d'une rupture de la paix ou d’un acte d’agression
(chapitre VII de la charte), soit parce qu’il s’agit de légitime défense sur la
base de l’article 51 de la Charte des Nations Unies, qui reconnaît, à tous les
Etats, le droit inhérent d’utiliser la force armée dans le cas où ils seraient
l'objet d'une agression armée.
La France se
trouvait-elle dans l’une ou l’autre de ces situations ?
L’interdiction absolue -
et répétons-le une fois encore, sauf en cas de légitime défense et de
l’autorisation du Conseil de sécurité- fait partie, sans aucun doute, des normes
impératives du droit international.
En déclenchant une guerre
au Mali, les autorités françaises -agissant en tant qu’organes de l’Etat - ont
ordonné l’exécution d’opérations militaires qui, de toute évidence, enfreignent
les dispositions de la Charte des Nations Unies. Ainsi, les autorités
françaises –il est vrai que ce ne sont pas les seules- sont en train de violer
l’une des normes les plus fondamentales du droit international, mettant
directement en danger la paix et la sécurité internationales dont les
conséquences néfastes vont se faire sentir bien au-delà du départ, encore très
incertain, des troupes françaises.
Certes, en l'état actuel
du dispositif impérialiste, il est somme toute normal que la France, membre du
Conseil de Sécurité, ne se soit pas portée garante de cette norme impérative du
droit international et ait préféré surfer sur des idées comme le droit de
protéger ses otages retenus à l’intérieur de territoires souverains et sur la
responsabilité de protéger les populations du Nord Mali et stopper à la fois
l’avancée sur le sud du Mali et la destruction de biens culturels d’importance.
Elle continue à ouvrir la porte à ce nouvel ordre mondial de violence et
de misère basé sur la loi du plus
fort et la déstructuration de l'ensemble des normes impératives du droit
international.
Préférer la violence et
la guerre à la recherche de moyens pour maintenir la paix et la sécurité
internationales pour l'ensemble des peuples, c'est permettre que tout le
système multilatéral onusien soit remis en cause alors qu'il aurait fallu
trouver d’autres moyens pour mettre fin à ce début de partition du Mali et
permettre aux Maliens et aux Maliennes de construire des solutions pour mettre
fin aux nombreuses exactions portant atteintes à l’ensemble des droits
fondamentaux.
En passant outre
certaines des Résolutions[12] adoptées
sous le chapitre VII de la Charte des Nations Unies, la France ne fait que
démontrer que le système onusien a perdu toute sa crédibilité et dès lors qu'il
est aisé de le bafouer, de le contourner, de le manipuler, voire de l’ignorer.
Cela a été le cas pour la Libye, l’Irak où la culture du mensonge a été portée
à un niveau de cynisme qui a coûté et coûte encore la vie à de très nombreux enfants,
femmes et hommes.
Le Président de la
France, dès lors, mérite-t-il d’être récompensé ? Certainement pas !
C’est
pourtant bien ce qu’a fait le jury présidé par l'ancien Président du
Mozambique, Joaquim Chissano, qui a «condamné la violation de l'intégrité
territoriale du Mali, les violations des droits de l'homme, l'enlèvement
d'otages et la destruction du patrimoine culturel de l'humanité à
Tombouctou » en reconnaissant « la contribution considérable à
la paix et à la stabilité en Afrique » et « la solidarité
manifestée par la France à l'égard des peuples africains ». Si nous
sommes tous et toutes d’accord pour condamner, aux côtés des Maliens et des
Maliennes, la violation de l’intégrité territoriale, l’enlèvement d’otages et
la destruction d’un patrimoine culturel inestimable, il reste une question de
taille.
Certes, le peuple malien,
grâce aux moyens militaires importants de la France, a été
« débarrassé » des groupes semant la violence au Nord Mali ; il
aspirait, fort légitimement, à la fin de la terreur ; mais quel prix va-t-il maintenant
payer d’une part, à « ses sauveurs » et d’autre part, aux
groupes qui vont certainement continuer à semer la terreur une fois les troupes
françaises parties? Cela autorisait-il la France à commettre les exactions commises
lors de la reprise de Kidal ? Comment expliquer que la France a noué
des relations particulières avec le MNLA dans la même ville?
Les questions posées par
certains de ces groupes sont-elles résolues ? Sera-t-il enfin mis fin au
passage de la drogue qui alimente l’Europe dans ces régions? La question
touareg trouvera-t-elle une solution ? Cette intervention extérieure
permettra-t-elle la reconstruction des institutions maliennes de manière
durable et avec des moyens suffisants pour assurer une totale souveraineté à un
gouvernement qui n’a cessé d’être sous la coupe de ses anciens colonisateurs et
des institutions financières internationales ? Les pays occidentaux
arrêteront-ils de faire croire à l’ensemble des peuples qui se sont libérés de
dictature ou qui sont encore sous l’emprise de leurs « suzerains »
que le seul modèle démocratique est le leur ?
Autant de questions qui
restent en suspens et pour lesquelles l’intervention française ne peut apporter
de solution tant ces réponses doivent être construites par le peuple malien
dans son ensemble en raison de son droit inaliénable à disposer de lui-même et
de jouir pleinement de sa souveraineté, sans ingérence extérieure
imposée.
Au regard de tout cela,
il y aurait une certaine indécence à remettre le Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix à
François Hollande.
La Commission internationale pour la recherche de la paix
doit revoir son casting et attribuer ce prix à
des hommes et des femmes qui se battent au quotidien pour maintenir la paix
alors que ce sont les logiques de guerre qui prévalent et envahissent de plus
en plus l’espace social mondial.
Face à ces
logiques mortifères, le « Peuple des Nations » doit cesser de courber
l’échine et doit faire entendre ses voix diverses, son attachement fondamental
au droit à disposer de lui-même il doit
aussi faire entendre son refus de la menace d'une guerre permanente et
de cet ordre qui les exploite et les exclut du partage du pouvoir et des
richesses.
Dans ce
contexte, il serait indécent que le Président de la République, François
Hollande, soit récompensé pour ses entreprises « guerrières » et reçoive le Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix.
[1] Ce prix a été
décerné à de nombreuses personnalités dont Nelson Mandela et
Frederik W. De Klerk, Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, Jimmy Carter, Abdoulaye
Wade, Martti Ahtisaari, ainsi que Luiz Inácio Lula da Silva
[2] Rapport -AFR 31/002/2011, Amnesty International, mai
2011 –
[3] http://www.unesco.org/new/fr/houphouet-boigny-peace-prize/about-the-prize/international-commission-for-peace-research/
[5] http://www.unesco.org/new/fr/houphouet-boigny-peace-prize/about-the-prize/presentation/general-conditions-of-the-prize/#c246171
[6] Représentée par « nos gouvernements respectifs, par
l’intermédiaire de leurs représentants » qui sont dans la majorité des
Etats élus par les membres de la société civile, Préambule de la Charte des
Nations Unies
[8] Préambule de la Charte des Nations Unies
[9] Proposition 58, Le changement c’est maintenant ; Mes 60
engagements pour la France ; http://www.parti-socialiste.fr/dossier/le-projet-de-francois-hollande
[10] ww.lepoint.fr/monde/mali-nous-sommes-en-train-de-gagner-cette-bataille-selon-hollande-28-01-2013-1621132_24.php
[11] Enfin, la porte est grande ouverte, Mireille
Fanon-Mendès-France, 31 mars 2011,http://frantzfanonfoundation-fondationfrantzfanon.com/?p=723
[12] Résolutions 2056, 2071 : votée à
l’unanimité par les 15 membres du Conseil de Sécurité et 2085
Lien sur le site de l’UNESCO :
http://www.unesco.org/new/fr/unesco/events/all-events/?tx_browser_pi1%5BshowUid%5D=20835&cHash=14288c594d
© UNESCO
Cérémonie de remise du Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la
paix
Médaille du Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix.
La remise du Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix,
décerné cette année au Président français François Hollande, aura lieu au siège
de l’UNESCO le 5 juin
Le Président François Hollande recevra le Prix des mains de la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova. Plusieurs chefs d’Etat de la CEDEAO et de la région sahélienne prendront part à cette cérémonie : Thomas Boni Yayi, Président du Bénin ; Blaise Compaoré, Président du Burkina Faso ; Alassane Ouattara, Président de Côte d’Ivoire ; Dioncounda Traoré, Président du Mali ; Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la Mauritanie ; Mahamadou Issoufou, Président du Niger ; Idriss Déby Itno, Président du Tchad et Macky Sall, Président du Sénégal. A cette occasion, le Président Hollande prononcera un discours important.
Réuni le 21 février, le jury du Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix avait décidé de décerner le Prix au Président français « pour sa haute contribution à la paix et à la stabilité en Afrique ».
Le Prix Félix Houphouët-Boigny – créé en 1989 – se propose d’honorer des personnes, institutions ou organisations qui ont contribué de manière significative à la promotion, à la recherche, à la sauvegarde ou au maintien de la paix, dans le respect de la Charte des Nations Unies et de l’Acte constitutif de l’UNESCO.
Le Prix a déjà été décerné à de nombreuses personnalités parmi lesquelles Nelson Mandela et Frederik W. De Klerk ; Yitzhak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat ; le Roi Juan Carlos d’Espagne et l’ancien Président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva.
Le Président François Hollande recevra le Prix des mains de la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova. Plusieurs chefs d’Etat de la CEDEAO et de la région sahélienne prendront part à cette cérémonie : Thomas Boni Yayi, Président du Bénin ; Blaise Compaoré, Président du Burkina Faso ; Alassane Ouattara, Président de Côte d’Ivoire ; Dioncounda Traoré, Président du Mali ; Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la Mauritanie ; Mahamadou Issoufou, Président du Niger ; Idriss Déby Itno, Président du Tchad et Macky Sall, Président du Sénégal. A cette occasion, le Président Hollande prononcera un discours important.
Réuni le 21 février, le jury du Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix avait décidé de décerner le Prix au Président français « pour sa haute contribution à la paix et à la stabilité en Afrique ».
Le Prix Félix Houphouët-Boigny – créé en 1989 – se propose d’honorer des personnes, institutions ou organisations qui ont contribué de manière significative à la promotion, à la recherche, à la sauvegarde ou au maintien de la paix, dans le respect de la Charte des Nations Unies et de l’Acte constitutif de l’UNESCO.
Le Prix a déjà été décerné à de nombreuses personnalités parmi lesquelles Nelson Mandela et Frederik W. De Klerk ; Yitzhak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat ; le Roi Juan Carlos d’Espagne et l’ancien Président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva.
Details
Type
d'événement
|
Cérémonie de remise de prix
|
Début
|
05.06.2013 14:30 heure locale
|
Fin
|
05.06.2013 16:00 heure locale
|
Point
focal
|
BPI
|
Pays
|
France
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Ville
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Paris
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Lieu
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UNESCO Headquarters
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Salle I
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