CONFERENCE DE LA PLATEFORME DE LA SOCIETE CIVILE IVOIRIENNE DU 08/09/2018
DÉCLARATION DE LA PLATEFORME DE LA SOCIETE CIVILE IVOIRIENNE LU PAR SIMONE DATTÉ AU COURS DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU SAMEDI 08 SEPTEMBRE 2018 :
Monsieur ABOU Cissé, leader d’opinion et figure de proue de la société civile de Cote d’Ivoire,
Mesdames et messieurs les responsables des organisations de la société civile, honorables invités,
Mesdames et messieurs de la presse (presse écrite, audio visuel, presse en ligne et cyber activistes )
Ivoiriens, ivoiriennes,
Mesdames et messieurs,
Soyez tous autant que vous êtes ici présents, salués en vos rangs, grades et qualités.
En ce jour du samedi 08 septembre 2018, la société civile de Cote d’Ivoire, qui sans cesse se bat pour que soit décrispée la situation sociopolitique, qui depuis 2011 prévalait jusqu’aujourd’hui, se félicite d’une certaine avancée, mais s’insurge également contre des attitudes pouvant être un obstacle à ce que nous pressentions comme un espoir pour le retour à la normale.
De quoi parlons-nous exactement ?
En effet, depuis les douloureux évènements d’avril 2011, un climat de crainte, de méfiance et d’incertitude, s’est installé dans notre pays. La division et la fracture sociale étaient telles qu’aucun retour à la cohésion, n’était envisageable. Des familles et des régions endeuillées par le fait de la guerre, des détenus en cascade, sans oublier les personnes contraintes à l’exile pour sécuriser leurs vies.
C’est dans ce climat que nous avons baigné jusqu’à ce que le lundi 06 Aout 2018, veille de la date anniversaire de notre accession à l’indépendance, le chef de l’état, dans son adresse à la nation, laisse entrevoir une lueur d’espoir pour dit-il, réconcilier les ivoiriens, et apporter la paix dans un pays fragiliser par le fait de ce qui a été cité plus haut.
Ainsi, il a pris une ordonnance pour amnistier les détenus politiques, tout comme les exilés sur qui pesaient les mêmes chefs d’accusations.
Le chef de l’état, a ce même jour, annoncé aussi la reforme de la CEI pour que, comme l’ont souhaité les ivoiriens et soutenues par la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), les élections à venir ne soient pas source de conflits, de peur que l’histoire ne se répète.
Mais ce qui nous est donné de constater, et qui peut entacher ce geste du chef de l’état que nous nous apprêtions à saluer est que :
En ce qui concerne l’amnistie des prisonniers politiques, deux faits sont à souligner.
Le premier est, qu’au moment où 198 détenus ont regagné leurs domiciles respectifs, 30 autres croupissent encore dans des prisons selon la répartition suivante :
- 21 personnes à la MACA dont 13 corps habillés (10 militaires, 02 policiers, 01 gendarme) et 08 civils
- 05 personnes à la MAMA dont 02 gendarmes et 03 militaires.
- 02 personnes à l école de gendarmerie, toutes deux militaires
- 01 personne au camp pénale de Bouaké, un civil. Et enfin,
- 01 personne à la prison de Man, un policier.
Comment comprendre que pour la même situation, à savoir les faits liés à la crise postélectorale, une catégorie soit amnistiée, et une autre non.
A cela, le chef de l’état répond que son ordonnance ne prend pas en compte les personnes sur qui pèsent des crimes de sang.
Cela dit, si crime de sang il y a eu, ne sont-ils pas liés à la crise postélectorale ?
Le deuxième fait à souligner est la qualité ou la nature de l’amnistie. En lieu et place d’une loi d’amnistie, c’est une ordonnance, chose que nous apprécions à sa juste valeur, mais qui ne doit pas rester à ce stade car une ordonnance est périssable dans le temps, alors qu’une loi est non seulement inclusive mais définitive.
En ce qui concerne la reforme de la CEI, l’effet immédiat comme l’a annoncé le chef de l’état concernant ses décisions, rien n’est encore effectif, mais plus grave c’est que des élections sont annoncées, et les dépôts de candidatures sont jugés recevables depuis le 14 Aout pour prendre fin le 29 Aout tel que dit par INZA Kigbafori. Chose que le chef de l’état a récemment certifié en disant que ces élections auront bel et bien lieu avec cette même CEI, et qu’elle ne sera reformée que pour les présidentielles de 2020.
A coté de ces faits dont l’origine remonte à 2011, nous assistons aussi à d’autres situations qui ne sont pas de nature à apporter la paix, mais à l’éloigner, et à l’éloigner le plus loin possible.
Nous avons entre autres, la situation des déguerpis qui ayant tout perdu, se voient dans l’obligation de dormir dans les cimetières.
Pour ces sans espoirs, la mort est désormais le meilleur compagnon. Pour le seul cas de Cocody Danga, nous avons 77 familles jetées à la rue dont 44 ont, le 23 mai 2018, accepté l’offre de 1 million de francs CFA de la part de la SICOGI.
Comme si les cas de Danga et Portbouet ne suffisaient pas, l’état s’apprête à détruire encore des logements au quartier doukouré, yaoséhi et saint pierre, tous dans la commune de Yopougon, où des habitations avaient été déjà détruites au quartier Koweit dans le mois de juillet. Nous n’en finirons pas tellement les cas sont légions.
Il y également les questions d’inscription en ligne, où pour la même entrée scolaire, les parents qui souffrent déjà de la précarité de leur condition de vie, se voient dans l’obligation de payer deux fois l’inscription de leurs enfants.
Nous ne savons à quoi cela répond, mais bouche cousue, mais et pieds liés, nous le faisons quand même.
Enfin, pas que c’est la fin de la liste mais la fin de ce dont nous avons convenu de dénoncer en ce jour ci. Alors, nous terminons sur le monopole dans le secteur des pompes funèbres, où monsieur Sidy Diallo veut enterrer à lui seul, tous les morts de Cote d’Ivoire.
Se comportant de la sorte, il mettra avec l’aide de l’état silencieux sur la question, des pères de familles à la rue pour qu’eux aussi, avec leurs familles dorment dans les cimetières.
A la lumière de cette situation inacceptable, la société civile de Cote d’Ivoire en appelle à l’intelligence du chef de l’état, en lui demandant de :
1. Libérer les autres détenus de sorte que la libération étant totale, la décrispation le soit aussi. Et de plus, les hommes de foi comme lui, ne disent t-ils pas que la fin de toute chose vaut que son commencement.
Que le chef de l’état achève donc ce qu’il a commencé et ainsi son geste sera reconnu.
2. Passer d’une ordonnance à une loi d’amnistie afin que l’on s’assure de la totalité de cette annonce.
3. Favoriser le retour des exilés par des conditions sécuritaires garanties, la mise à leur disposition de moyens logistiques pour faciliter leur retour. Enfin, définir une politique de réinsertion, car beaucoup d’entre eux était en fonction mais ont été obligés de faire le choix de leurs vies contre le travail.
4. Que l’état mette fin à sa politique de destruction abusive des biens privés, au profit des riches. Qu’il mette également en place une véritable politique de relogement, car les cimetières ne sont pas des lieux d’habitation de vivants mais des morts.
5. Interpeller Sidy Diallo sur ses agissements, car dans une société d’hommes, seule la concurrence favorise le meilleur choix.
Au terme de cet exposé, nous disons au chef de l’état que, loin de défier son autorité, nous l’interpellons à beaucoup plus de bon sens pour que la Cote d’Ivoire, retrouve la paix et la quiétude tant désirées par les ivoiriens. Le faisant, il rentre dans l’histoire, mais le refusant, il sort de l’histoire, car comme le dit Dieu, voici le bien et voici le mal, mais choisit le bien et tu vivras.
Aux ivoiriens, nous disons que toute occasion de se rassembler soit la leur, pour aider à travers nos cris de cœur, le chef de l’état à faire changer les choses pour le bonheur des ivoiriens pour qui, il dit être au pouvoir. Je vous remercie.
FAIT À ABIDJAN LE 08/09/2018
Vidéo de la conférence à retrouver sur :
https://www.facebook.com/sen.sey.3517/videos/232862164247981
Vidéo de la conférence à retrouver sur :
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