Selon
le site web www.sen360.com du
vendredi 28 Novembre 2016, Manuel Valls sera à Abidjan pour parler de sécurité
et d’économie le jour du référendum sur le projet de Constitution. Le potentiel
candidat à la Présidence de la République française doit, comme tous les
présidentiables en France, avoir son réseau et sa politique Africaine.
En attendant le retour de l’ascenseur, le soutien
sécuritaire à OUATTARA pour un référendum de tous les dangers est la meilleure
monnaie de change et un moyen d’asseoir sa politique économique qui n’a de chance
de prospérer que dans le cadre de la françafrique. La prostitution du
socialisme français n’a plus de limite et le Parti socialiste Français n’a
retenu du socialisme que cette leçon donnée par le fondateur du socialisme
scientifique, Karl Marx dans son livre le Capital : « C’est la force
qui fait le droit ». En arrivant en Côte d’Ivoire le 30 octobre 2016, jour
du référendum, assurer la sécurité du premier ministre français permettra
d’assurer la sécurité du référendum en montrant les muscles de la France.
Comprendre les fondements de cette mission
hautement stratégique, c’est aussi comprendre les fondements de la nouvelle
constitution ivoirienne, version actualisée du Code Noir et du Code de
l’indigénat.
De quoi s’agit-il ?
«
[…] Battre le rappel de tout le GRAND NORD en vue d’une action concertée
résolument tournée vers une option dont le principe directeur sera: “NI A DROITE, NI A GAUCHE, MAIS AU MILIEU”, Ce milieu représentera la force
vive qui ne manquera pas d’incarner l’avènement du RENOUVEAU NORDIQUE de donner
naissance à une troisième force à mi -chemin entre le PDCI et le FPI, à même de
s’imposer comme l’arbitre des prochaines consultations électorales. C’est cette
vocation-là qui sied désormais au GRAND NORD. Vocation à laquelle tous les fils
du GRAND NORD se doivent de contribuer. Sans renier notre passé de la période
des luttes pathétiques et héroïques du RDA, Sans remettre en cause notre
attachement aux idéaux du grand parti le RDA, Il importe désormais de situer LE
GRAND NORD à l’écart du PDCI, très loin du FPI et de l’opposition ». Extrait de La Charte du grand Nord, 1989
Voilà le projet de société qui a rassemblé en une
union volontaire certains ivoiriens en un parti dont le caractère tribal est
institutionnalisé avec un rattrapage ethnique et une armée tribale qui défigure
la Côte d’Ivoire depuis le 11 avril 2011.
Ce pacte tribal veut se donner une assise légale
par une nouvelle constitution. Or une constitution nouvelle devait être un
nouveau pacte national c’est-à-dire l’expression d’une volonté de vivre
ensemble sans exclusion et donc le couronnement du processus de réconciliation
tant attendu qui passe nécessairement par la libération de tous les prisonniers
politiques (225 à ce jour) et le retour sécurisé de tous les exilés internes et
externes.
Que cache donc cette constitution hémiplégique et
unijambiste pour mobiliser encore tout l’Etat français contre la volonté du
peuple de Côte d’Ivoire ?
Premier producteur mondial du cacao, l’histoire
coloniale a réservé à la Côte d’Ivoire, le rôle de producteur de cacao. Cette
mission qui devait être imposée par la force, avait besoin de main d’œuvre que
la Côte d’Ivoire peu peuplée de 1893 ne pouvait disposer. Dans le cadre de
l’AOF (Afrique Occidentale Française),la mise à contribution des tirailleurs
françafricains, soldats issus des colonies françaises pendant la colonisation
et l’alliance entre le Morho Naba et la France avaient résolu ce problème. Le
Code de l’indigénat avait donné un statut juridique à cette violence sans nom.
Les frontières issues des indépendances de 1960
n’ont pas modifié la tendance.
La crise des années 80 et la chute du mur de Berlin
en 1989, ont constitué un tournant décisif dans l’histoire de l’humanité et par
ricochet, dans celle de la Côte d’Ivoire. Si la Côte d’Ivoire avait fait le
saut industriel pour absorber la masse d’intelligence sortie des écoles et
universités, ce bel exemple d’intégration nationale aurait servi de modèle
d’espérance pour l’Afrique. En l’absence de perspective industrielle (il ne
faut surtout pas que l’Afrique s’industrialise selon Helmut Kohl), l’espérance
se transforma en cauchemar. La Côte d’Ivoire qui ne faisait aucune différence
de race, de nationalité et d’ethnie va rentrer dans une période de turbulence
qui a pris le nom de « l’ivoirité ». Le processus de création d’une
nation ouverte et exemplaire à partir des peuples que l’arbitraire des
frontières coloniales a rassemblé ou divisé se trouve contrarié. La montée du
chômage a entraîné un mouvement de retour de nombreux chômeurs à la terre et de
jeunes diplômés ivoiriens à la recherche de terres. Ces terres ont malheureusement
été vendues à vil prix à des migrants, sans quittance ni titre de propriété.
Aux recrutements dans le secteur public et privé
sans distinction de nationalité dans les villes avant la crise, succède une
différenciation selon la nationalité pendant la crise, aggravée par
l’introduction de la carte de séjour avec ses nombreuses frustrations chez les
étrangers ou fils d’étrangers devenus Ivoiriens de facto. Des frustrations et
de l’inégalité en droit entre Ivoiriens de facto et Ivoiriens de juré, naît la
charte du nord pour servir de plate-forme revendicative du pouvoir d’État par
une catégorie d’Ivoiriens dont le sort est lié à celui des migrants venus des
pays voisins du nord du pays.
L’avènement de Laurent GBAGBO au pouvoir met fin à
la carte de séjour. Une politique de rupture avec l’économie coloniale pour une
véritable industrialisation est engagée en priorité dans le secteur du cacao
afin d’absorber la masse de diplômés et de chômeurs et contenir la menace de
division semée par les frustrations et la carte de séjour.
C’était la ligne rouge à ne pas franchir : il ne
faut surtout pas que l’Afrique s’industrialise sans l’aval des prédateurs de
matières premières. La menace des intérêts françafricains, que cette politique
occasionne, conduit la Françafrique à une alliance avec le RDR de M. OUATTARA
bénéficiaire de la charte du Nord et géniteur des privatisations au profit de
la Françafrique. La France crée le RHDP (Rassemblement des Houphouetistes pour
la Démocratie et la Paix) avec tous les nostalgiques de la Françafrique comme
vernis au RDR pour le rendre acceptable à la communauté internationale avec sa
branche armée tribale qui tenta un coup d’État en 2002. L’échec de ce coup
divisa le pays en deux. Pour donner une base électorale au RHDP et en faire une
arme politique entre les mains de la France, les accords de sortie de crise
sous l’égide de la France recommandent la naturalisation de 3 000 000
d’étrangers et la révision de la constitution pour rendre éligible aux
élections présidentielles des binationaux même parachutés. OUATTARA devient
candidat aux élections présidentielles de 2010 par une mesure exceptionnelle
mais les audiences foraines organisées pour naturaliser 3 000 000
d’Ivoiriens échouent.
Laurent GBAGBO remporta les élections de 2010 dans
les urnes mais perdit le pouvoir par l’armée française. Le coup de force de
2011 par la France avec son lot de génocide qui porta OUATTARA au pouvoir, a
besoin d’une légitimité et d’une légalité à posteriori pour faire oublier le
génocide et remplacer définitivement l’électorat national par un électorat sur
mesure et une constitution qui autorise n’importe quel étranger naturalisé avec
un faux parent ivoirien à diriger la Côte d’Ivoire au nom des intérêts
françafricains. Pour assurer la pérennité d’un tel braquage constitutionnel, le
Président est autorisé, selon le projet de constitution, à désigner son
successeur. Ainsi Blaise COMPAORE devient un potentiel prétendant à la
Présidence de la République après avoir piloté la reconquête coloniale de la
Côte d’Ivoire et obtenu sa nationalité ivoirienne. Il reste à lui trouver un
parent ivoirien de naissance.
Depuis 2011, le nouveau régime tente d’atteindre
l’objectif de 3 000 000 de nouveaux électeurs et modifier la Constitution pour
assurer une base démocratique à cette occupation coloniale de la Françafrique.
De 2011 à 2015, ce régime convoie par vagues successives de nouveaux étrangers
dans les villes et surtout dans la boucle du cacao, ces derniers deviennent de
nouveaux Ivoiriens par déclaration et sont insérés dans le tissu économique
urbain, rural et dans l’administration par le programme DDR (Désarmement,
Démobilisation, Réinsertion).
En 2015, 2 200 000 Ivoiriens nouveaux sont
recensés. Ce nombre correspond au nombre d’électeurs en faveur de Laurent
GBAGBO lors du premier tour des élections présidentielles de 2010. L’objectif
est donc clair : noyer l’électorat GBAGBO, obstacle principal à la
françafrique. Ces Ivoiriens nouveaux deviennent immédiatement des propriétaires
fonciers en milieu rural selon les prescriptions du Code Foncier Rural mais
doivent attendre le délai légal de 5 ans pour être électeurs, puis éligibles ou
à défaut de base électorale, être nommés comme parlementaire par le biais du
SENAT créé à ce effet par le projet de constitution dont 1/3 peut être nommé.
Après avoir donné une base démographique par la
fabrication d’Ivoiriens nouveaux par déclaration et fait de la violation
permanente de la Constitution de 2000 son mode de gouvernance, la Françafrique
veut rendre permanente son œuvre en dotant d’une couronne constitutionnelle son
chef de tribu qui règne par exclusion et rattrapage ethnique sur toute la Côte
d’Ivoire pour donner un éclat doré au coup d’État permanent.
L’avènement de la troisième république version
Ouattara est la superstructure qui vient parachever le plan commun de la Charte
du Grand Nord et de la Françafrique.
Un tel plan commun qui exclut les Ivoiriens de la
vie politique, économique et sociale au profit de la Françafrique comme à
l’époque coloniale, n’est pas uniquement l’affaire des partis politiques qui
doivent jouer leur rôle d’éclaireur de conscience et d’organisateur, mais de
chaque citoyen y compris les bénéficiaires temporaires de cette imposture qui
ne sont que des fusibles sur le circuit fermé de la Françafrique. Ibrahima
Coulibaly dit IB et ses compagnons de fortune en savent quelque chose.
La constitution est un acte souverain et la
souveraineté appartient au peuple. Aucun individu ni aucune section du peuple
ne peut s’en attribuer l’exercice.
La résignation du peuple prépare sa colère. C’est
une bombe à retardement qui éclatera tôt ou tard car le plus fort n’est jamais
assez fort pour être toujours le maître.
La colère du peuple sera donc une réponse pour
faire émerger les intérêts nationaux, sous régionaux et panafricanistes par un
nouveau contrat socio-économique, politique et militaire qui sera
l’infrastructure de la nouvelle république et de la nouvelle Afrique. La Côte
d’Ivoire ne peut s’accommoder d’une armée tribale de chasseurs traditionnels en
état de siège permanent, jouant le rôle de police et de gendarmerie qui confond
droit de l’homme et chasse à l’homme au profit des intérêts exclusivement
françafricains.
L’alliance France-ADO et le nouveau projet de
constitution, ne sont rien d’autre que la renaissance de l’alliance France-Rois
nègres des côtes africaines pendant la période esclavagiste qui a engendré le
Code nègre dans les Amériques, ou l’alliance entre la France et le Roi de Kong
pour arrêter et déporter Samory Touré suivi par son fidèle compagnon
Morifindjan DIABATÉ. Cette alliance, avec l’appui des tirailleurs
françafricains, a permis d’écraser la résistance Abouré, Baoulé et Bété
organisée autour de Kadjo Amongoua de Bonoua, de Nanan Komenan Ettien de
Tiassalé, de Akafu Bularé de Toumodi, de Kwamé Die de Walebo, de Gguekè Kouassi
de Bouaké et de Zokou GbeuIi de Daloa. Suite à cette offensive coloniale, la
population Baoulé écrasée dans le sang, est passée de 1 500 000 à 260 000 entre
1900 et 1911 avec 12 000 exilés en Gold Coast. Les Ivoiriens résignés furent
soumis au code de l’indigénat. Un siècle après, l’Alliance France-ADO répète
l’histoire avec le génocide Wè, la déportation de Laurent GBAGBO et de Blé
Goudé et l’exil de milliers d’Ivoiriens au Ghana et au Libéria avec à la clé le
projet de constitution de la troisième République qui ressemble au code de
l’indigénat qui excluait les ivoiriens de la vie politique, économique et
sociale et organisait une justice qui ne s’appliquait qu’aux indigènes.
La nationalité octroyée aux 2 200 000 nouveaux
Ivoiriens n’est rien d’autre que les médailles distribuées aux tirailleurs
françafricains après avoir aidé à asseoir l’empire colonial et à libérer la France
de l’occupation nazie. Ces Ivoiriens nouveaux subiront le même sort que les
tirailleurs sénégalais du camp de Thiaroye qui ont été fusillés lorsqu’ils
revendiquèrent leur solde. C’est alors qu’ils prendront conscience que les
belles promesses de la charte du Nord ne sont rien d’autre que les promesses
contenues dans la fameuse mission civilisatrice de l’Occident lors de la
pénétration coloniale qui ont engendré les plus cruelles barbaries contre ceux
qu’ils prétendaient civiliser. Ibrahim Coulibaly (IB) et ses hommes ont connu
ce triste sort.
L’Afrique a les ressources humaines et naturelles
pour offrir la dignité à chacun de ses fils et à chacune de ses familles sans
aucune distinction. L’obstacle objectif sur le chemin de l’industrialisation et
du panafricanisme reste la Françafrique. La déprogrammation des scories de
l’esclavage et de la colonisation qui ont développé le complexe d’infériorité
et la fatalité dans l’esprit de certains africains et le complexe de
supériorité chez certains occidentaux, reste la condition subjective.
Aujourd’hui sur le plan économique, comme hier sur
le plan militaire, la France est prise en tenaille entre les puissantes
économies allemandes et asiatiques. Selon les experts français, l’avenir de la
France ne se trouve nulle part ailleurs qu’en Afrique. Comme hier sous
occupation nazie, la France a obtenu son salut grâce à la réquisition du
continent africain, ses hommes et ses matières premières, aujourd’hui elle
tente de rééditer l’exploit sans avoir respecté ses engagements vis-à-vis de
ses sauveurs d’hier. Le processus de recolonisation actuelle par les mêmes
méthodes coloniales rénovées et constitutionnalisées de réquisition du pouvoir
politique et économique, participe de la vaine recherche de cet avenir.
Chaque candidat aux élections présidentielles en
France a une politique pour l’Afrique. Cette attitude paternaliste trahit le
complexe de supériorité légué par des siècles d’esclavage et de colonisation.
Non ! L’Afrique n’est pas l’avenir de la France mais plutôt son passé fait
de douloureux souvenirs et de trahisons.
« L’Africain
fera l’Afrique, elle trouvera en son sein des hommes et des femmes, capables de
libérer leurs vertus de héros collectifs pour redresser le destin tordu de la
mère Afrique et recoudre son beau pagne déchiré » (Joseph KI-ZERBO dans histoire
générale de l’Afrique)
DONMELLO
Ahoua,
Docteur
Ingénieur des Ponts et chaussées,
Ancien
Ministre
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