COTE DIVOIRE JUSTICE DES VAINQUEURS / Plaidant non coupable : Hubert Oulaye fait un cours de droit aux Assises
Publier le 20 decembre 2017 a 13h20
C’est à 10 h 38 que l’audience s’ouvre, ce mardi 19 décembre 2017, à la Cour d’Assises au Plateau. Dans le box des accusés, le ministre Hubert Oulaye. Le Juge Coulibaly Aboubacar, président de la Cour d’Assises, interroge l’Accusé. Lui demandant de réagir à l’Arrêt de la Chambre d’accusation qui le poursuit pour complicité d’assassinat et complot contre l’autorité de l‘Etat.
« Qu’est-ce que vous avez à déclarer », questionne le président.
En réponse, Hubert Oulaye assène ses vérités. « Je suis absolument étranger à ces accusations que je trouve farfelues », répond-t-il.
Document en mains, il fait savoir à la Cour que la Dst a inventé ces charges. Tel qu’il le dit dans un discours de 13 minutes dont l’intégralité suit.
« Á la suite de la crise post-électorale, je suis parti de la Côte d’Ivoire le 17 avril 2011 pour me réfugier au Ghana, à l’instar de tous ceux qui fuyaient les répressions menées par le pouvoir actuel contre les proches du Président Laurent Gbagbo. Après 3 ans d’exil, je suis rentré en Côte d’Ivoire, le 30 novembre 2014 et j’ai repris mes activités politiques dans mon parti le Fpi, en ma qualité de président du Comité de contrôle.
Sur la vision du parti et sur certains aspects, nous sommes rentrés en conflit avec Mr Affi N’Guessan. Sur ces divergences de vue qui pouvaient être aplanies dans le cadre de nos textes, avec ampliations faites au ministre de l’Intérieur et le Procureur général, Mr Affi n’a eu d’autres recours que de m’adresser une lettre m’interdisant de me rendre au 3ème congrès extraordinaire qui s’est tenu à Mama, tel que décidé par le parti, après l’interdiction du 4ème congrès par voie judiciaire, à la demande de Mr Affi. Ayant donc participé au dit congrès, j’ai été arrêté après le congrès de Mama, le 4 mai 2015.
De retour au pays, je rappelle que j’ai passé 6 mois à Abidjan et je ne suis pas resté silencieux et c’est 6 mois après que j’ai a été arrêté. Vous comprendrez Mr le président, que j’ai été de façon illégale et brutalement arrêté. Et c’est à la Dst qu’on m’a signifié que je serais mêlé à une attaque qui a eu lieu le 8 juin 2012 à Taï. Mr le président, si ma complicité dans les faits étaient aussi avérés, pourquoi on ne m’a pas délivré de mandat d’arrêt à mon arrivée à Abidjan ? Ces questions au cœur du débat. Par conséquent, si du 8 juin 2012 et au 4 juin 2015, période des enquêtes préliminaires, rien ne m’a été signifié, cela signifie qu’il n’y a rien contre ma personne. Je suis absolument étranger à ce type d’attaques et ces accusations que je trouve farfelues.
Je n’ai jamais soutenu qui que ce soit, ni en argent, ni en esprit. Je n’ai jamais commis de crimes de sang. Ni directement, ni par personne interposée. Les accusations qui ont été produites à la Dst ne permettent pas de soutenir de telles allégations de crimes ou de complicité d’assassinat. Selon un rapport de la Dst, des réfugiés Libériens auraient attaqué une patrouille des agents de l’Onuci et que j’aurais financé à coups de millions un des chefs. Mais comble de fait, la Dst ne présente aucun procès-verbal d’audition de ceux qui disent avoir reçu de l’argent de mes mains. Comment justifier que la Dst ne produise pas une seule pièce à charge.
Alors question, est-ce que ces actes existent ? Non parce que la Dst qui est quand même le plus haut service de renseignements, n’est pas en mesure de présenter des procès-verbaux.
En plus, comment la Dst peut-elle m’attribuer un contact téléphonique qui aurait été trouvé sur un des réfugiés. Enfin la Dst dit que j’ai utilisé un contact pour coordonner des attaques avec des présumés complices. Mais pourquoi la Dst ne fournit pas un répertoire des appels passés avec mes présumés interlocuteurs ? J’en conclus que les allégations de la Dst, fondées sur un numéro de téléphone ne sauraient prospérer. D’où la Dst tire-t-elle cette accusation si elle n’a aucun PV des faits allégués.
En plus, aux accusations non fondées, s’ajoutent les démentis des présumés complices que la Dst a interrogés. Mr le président, je n’ai jamais remis de l’argent à qui que ce soit ou être complice de quoi que ce soit. Il n’y a jamais eu de mandat d’arrêt contre moi. En réalité, j’ai été arrêté après le congrès de Mama. Curieusement avant la tenue du Congrès, j’ai reçu une lettre interpellatrice de Mr Affi m’interdisant de me rendre à ce congrès. C’est trois jours après la tenue du Congrès que j’ai été arrêté sur demande de Mr Affi, c’est ça qui est la vérité.
J’invite donc la Cour à rechercher la vérité et à dire le droit. Je n’ai jamais eu l’intention de projet criminel. Je clame mon innocence », déclare Hubert Oulaye.
Après ce long réquisitoire contre la Dst, s’ouvre la phase des observations.
La parole revient à la Défense qui dénonce un procès basé sur du faux. «Nous ne sommes pas prêts à accorder un crédit à tous les PV qui viennent de la Dst », martèle Maître Dako Zahui.
Coincé, l’Avocat général Koné Souleymane présente à la Cour ce qu’il appelle la note de synthèse, faite par la Dst. Un document rejeté par Maître Gohi BI qui soutient qu’en matière pénale, la note de synthèse n’est pas prévue par la loi. « Nous demandons les Procès-verbaux d’audition des personnes entendues et signées par la Dst. S’il y a eu synthèse, nous osons croire celle-ci faite à partir des PV d’auditions. Alors que le parquet général mette à la disposition de la Défense ces PV, s’il y en a », exige Maître Gohi Bi.
Quant à Maître Dadjé Rodrigue, il fait savoir à la Cour que sans procès-verbal d’audition, la Défense va se retirer du procès parce que jugé illégal du point de vue des procédures pénales.
Face à toutes ces exceptions soulevées, le juge après une heure de suspension de l’audience, renvoie le procès au jeudi 21 décembre 2017.
Marcel Dezogno
@OULAYE HUBERT EST INNOCENT
#LIBEREZLESOTAGESENCOTEDIVOIRE
#AFRIKANEWSGROUP
Commentaires
Enregistrer un commentaire