JAH PRINCE

Artiste franco-ivoirien engagé et prisonnier d’opinion en Côte d’Ivoire

JAH PRINCE, de son vrai nom Prince SERRY, est un artiste franco-ivoirien engagé qui fait de la musique reggae depuis plus de 35 ans. Sous Houphouët déjà, il avait connu l’enfer des geôles ivoiriennes pour avoir défendu les valeurs du « rastafarisme » en refusant de se couper les cheveux. Cette soif insatiable de justice qu’il a porté haut et fort dans son album « Prisonniers de Babylone » en dénonçant les atteintes aux libertés fondamentales l’a sans doute à nouveau conduit à la MACA (Maison d’Arrêt et de Correction d’ABIDJAN).
En avril 2010, il décide en effet de rentrer au pays et de s’y installer avec sa famille pour y développer son Art. Au plus fort de la crise postélectorale, avec son petit garçon et sa femme enceinte de leur deuxième enfant, il refuse la proposition des autorités françaises de rejoindre le 43ème BIMA au titre de la protection de ses ressortissants. Hors de question de se mettre sous la protection de cette France dite des Droits de l’Homme qui est en train de mettre le pays à feu et à sang pour chasser les autorités légitimes de CÔTE D’IVOIRE et y installer ses amis ! Il demande à sa famille de lui faire confiance et de rester avec lui aux côtés du peuple ivoirien. Au cœur du quartier de YOPOUGON, ils subissent au quotidien les bombes de la France, les exactions des FRCI, les pillages et les menaces de toutes sortes sur fond d’embargo européen. Bien que terrifiés et comme des millions d’Ivoiriens, ils commencent à avoir faim et à manquer de produits de première nécessité. Alors avec leurs voisins, ils s’organisent pour s’approvisionner et  survivre aux tragédies quotidiennes de cette guerre d’occupation néocoloniale qui ne dit pas son nom !
Après le 11 avril 2011, quand la France finit de prendre le contrôle du pays par rebelles interposés en capturant le Président Laurent GBAGBO avec ses proches et fidèles collaborateurs, un chaos indescriptible règne. Survivre dans cet enfer n’est pas chose facile, mais un  calme précaire  finit par revenir (pour tous ceux qui ne s’affichent pas ouvertement pro-GBAGBO* ou sont réputés le soutenir à tort ou à raison).
Mais pas pour JAH PRINCE. En juin 2011, des agents de la douane ivoirienne le dépossèdent totalement de son matériel et de sa production musicale estimés à 300 000€. Paie-t-il ainsi sa fidélité aux autorités légales de CÔTE D’IVOIRE ? Ses prises de position publiques contre l’ingérence extérieure et la solution militaire à la crise ivoirienne ? Ou ne doit-on y voir qu’une saisie d’opportunité de biens privés par des chefs rebelles qui, ne pouvant plus vivre de trafics et autres butins de guerre, se rabattent sur ce qu’ils peuvent, assurés d’une certaine « immunité » des nouvelles autorités installées à coup de bombes franco-onusiennes, surtout si la victime n’a pas fait allégeance à ces dernières ?
Les problèmes de JAH PRINCE ne s’arrêtent pas là. Comme il continue à dénoncer publiquement cette confiscation illégale de tous ses biens mettant en cause les nouvelles autorités du pays, il est arrêté le 21 novembre 2012 et condamné à un an de prison ferme et à 5 ans d’interdiction de territoire ivoirien pour… simple consommation de cannabis ! De quoi s’interroger sur la motivation de cette sanction pour le moins sévère relativement à un délit aussi mineur qui met les autorités ivoiriennes responsables de la confiscation de ses biens à l’abri de toute poursuite pour un bon moment ou bien ?
Comme souvent dans ce genre de dossiers politiques très sensibles, les autorités françaises sollicitées prétendent ne pas pouvoir intervenir dans les affaires intérieures d’un autre pays (la phrase exacte du courrier réponse du directeur de Cabinet de l’Elysée est : « Le droit international proscrivant toute ingérence dans la justice d’un Etat étranger souverain, les autorités françaises ne peuvent s’immiscer dans la défense de M. SERRY ». En revanche, bafouer le Conseil Constitutionnel de Côte d’Ivoire, organe judiciaire suprême de la CÔTE D’IVOIRE, en contestant la victoire de Laurent GBAGBO pourtant régulièrement investi par ce dernier, apparemment ça n’est pas interdit par le droit international… Allez comprendre !). Qui ne se souvient  de la mobilisation des mêmes autorités françaises dans l’affaire Cassez ou encore dans la sordide affaire de l’Arche de Zoé ? Il s’agissait pourtant de citoyens français accusés de crimes de droit commun autrement graves… A moins qu’il n’y ait plusieurs catégories de citoyens français ?
Que pèse en effet la vie d’un artiste engagé non corruptible face aux énormes contrats et autres marchés juteux de nos multinationales auxquels nos dirigeants occidentaux doivent tant ? De là à expliquer le peu d’empressement des autorités consulaires à assurer les missions qui leur incombent, il n’y a qu’un pas que nous nous empressons de franchir. Non seulement les autorités françaises ont refusé d’apporter leur aide à cet artiste franco-ivoirien suite à la confiscation illégale de tous ses biens, mais elles n’exercent même pas leur devoir élémentaire de protection. En dépit de l’assurance écrite d’une visite mensuelle de la représentante du Consulat français à la MACA où il purge sa peine, JAH PRINCE n’a fait état que d’une seule visite de cette dernière. Et c’était bien avant le massacre de la nuit du 23 au 24 juillet dernier dont le tragique bilan continue de s’alourdir avec ses dizaines de morts et ses centaines de blessés, JAH PRINCE lui-même ayant souffert des conséquences de l’inhalation de gaz toxiques.
Décidément, un prisonnier peut en cacher un autre, mais toute vérité n’est pas bonne à dire dans cette forteresse françafricaine bien gardée… Citoyens français, dormez tranquilles, les chiens de garde de l’Occident veillent sur vous… Sauf si par mégarde vous entrez en conflit avec leurs servants locaux !


*A ceux qui lui font grief de ne pas avoir revendiqué son appartenance au camp pro-Gbagbo, il répond par la voix de sa femme qui ne se reconnaît pas dans cette étiquette, que comme la plupart des Ivoiriens, ils soutenaient Laurent GBAGBO en tant que Président élu et investi par le Conseil Constitutionnel, autant par engagement partisan que par respect des institutions souveraines de CÔTE D’IVOIRE.
Christine TIBALA

Quelques liens supplémentaires concernant l’artiste JAH PRINCE et son combat pour la justice et la liberté :








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