VALLS RECONNAÎT LA VICTOIRE DE LAURENT GBAGBO AUX ELECTIONS IVOIRIENNES DE 2010



En visite en Côte d’Ivoire pour se tailler une stature d’homme d’Etat en vue de devenir présidentiable, Manuel VALLS a accordé une interview aussi édifiante qu’indécente aux deux journalistes Valérie Gas de RFI et Roselyne Febvre de France 24 [1]. Après avoir loué les mérites du régime liberticide d’EYADEMA et renouvelé ce faisant son approbation à l’inversion du résultat des urnes aux présidentielles togolaises de 2015[2], Manuel VALLS s’est surpassé dans son rôle d’ambassadeur des dictateurs françafricains.

Sans surprise et au nom des intérêts des grandes multinationales qui spolient les peuples africains de leurs richesses (Bouygues, Bolloré, Dreyfus,…), il a renouvelé son soutien sans faille à son ami OUATTARA qui l’a une nouvelle fois décoré [3]. C’est ainsi qu’après être devenu commandeur du mérite national en 2013, il vient d’être élevé à la dignité de Grand Officier de l’Ordre National ivoirien. 


Soyons clairs. Je ne me reconnais pas dans le concept d’ivoirité manipulé par BEDIE aujourd’hui principal allié de OUATTARA pour l’écarter dans les années 90[4]. Je trouve abject les attaques portées contre OUATTARA ou quiconque en raison de son appartenance à une Nation, une religion ou une ethnie. Mais c’est justement parce que OUTTARA comme son ami COMPAORE naturalisé ivoirien ont bafoué et continuent de bafouer la dignité humaine en assassinant et en emprisonnant impunément que la prostitution de VALLS en CÔTE D’IVOIRE et dans la région est condamnable. 


Dans ce fatras d’abjection morale au nom d’un opportunisme politique criminel, relevons toutefois que Manuel VALLS a rétabli un principe universel, pilier du respect de la souveraineté des Etats : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Dans un éclair de lucidité inattendu pour ce Ministre français qui incarne l’opportunisme poussé à son paroxysme en politique, il admet en effet que la démocratie, c’est le respect des institutions que l’on s’est données et que les élections présidentielles africaines comme dans tous les pays du monde doivent être régies par le respect des lois fondamentales qui les encadrent. C’est ainsi qu’à la question des journalistes sur la reconnaissance de la victoire d’Ali BONGO au GABON, Manuel VALLS affirme que : « la France prend acte de ces résultats. Il y a un président, il va y avoir des élections législatives. Les candidats ont considéré qu’il fallait que ça soit le Conseil constitutionnel, la cour Suprême qui proclame les résultats. »[5]


Par ce plaidoyer non négociable pour le respect de la loi fondamentale gabonaise –qui n’exclut nullement les recours légaux en matière de contestation électorale et autres solutions pacifiques de résolution des conflits bien entendu- VALLS reconnaît implicitement ou analogiquement peut-on dire la victoire de Laurent GBAGBO aux élections présidentielles ivoiriennes de 2010. Ceci vaut bien entendu reconnaissance a posteriori, car compte tenu de l’importance du sujet et du prétendu souci de VALLS de contribuer à la réconciliation et à l’apaisement des Ivoiriens, on ne voit pas comment il pourrait préconiser cette solution au GABON et ne pas la reconnaître au peuple ivoirien.


C’est ce qu’une grande partie du peuple ivoirien n’a cessé de répéter depuis la proclamation de la victoire de Laurent GBABO par le Conseil Constitutionnel ivoirien du 03 décembre 2010. 


Laurent GBAGBO -bien que proclamé vainqueur par la plus haute juridiction de son pays seule habilitée à le faire- a eu la magnanimité de proposer de recompter les voix pour apaiser le débat et tenter d’éviter en vain la guerre civile qui se profilait. Manuel VALLS s’en garde bien lui qui demande à Jean PING de renoncer à ce que lui-même en tant que Président de l’Union Africaine avait pourtant refusé au peuple ivoirien en 2011 : le recomptage des voix pour départager pacifiquement les deux camps.


Au lieu de cela, la FRANCE de SARKOZY a préféré bombarder un pays avec lequel elle n’était pas en guerre au mépris de tous les principes qui régissent les relations internationales.


Mais VALLS en réitérant son soutien le plus total et le plus amical à OUATTARA, celui qu’il considère comme un ami, ne fait que poursuivre la longue tradition de prostitution politique réciproque qui régit les relations entre la France et ses anciennes colonies qui veut que les autorités de chacun de ses deux pays passent leur temps à se corrompre les unes les autres. 


CONJUGAISON FRANCAFRICAINE :

Je te décore, tu me décores, on se décore ;

Je te cadotte, tu me cadottes ; on se cadotte ;

Je te couvre tu me couvres, on se couvre ;

Je te corromps, tu me corromps, on se corrompt…



C’est ainsi que OUATTARA a été pompeusement décoré en France tandis que dans le même temps SARKOZY, HOLLANDE et bien d’autres se voyaient également gratifiés de décorations dont les peuples n’ont que faire[6].


OUATTARA ne s’y trompe d’ailleurs pas dans son discours de remerciement à VALLS [7] en reconnaissant officiellement qu’il a été installé par la France et qu’en retour, la croissance économique à deux chiffres dont il se vante abusivement est rendu possible par les rapports inégalitaires instaurés de longue date pour préserver les intérêts français sur le sol ivoirien à travers notamment le C2D (Contrat de Désendettement et de Développement)[8]. A peine OUATTARA installé par les armes et dans le sang qu’il bénéficie en effet d’un accord d’annulation de la dette avec OUATTARA alors qu’on l’avait refusé à GBAGBO qui avait pourtant tout fait pour assainir la situation financière de son pays en consentant d’énormes sacrifices et en obtenant le point d’achèvement de l’IPPTE (Initiative Pays Pauvres Très Endettés)[9].


Pour finir, il n’est pas anodin de voir avec quelle parade VALLS écarte la question légitime de la journaliste sur le contexte référendaire dans lequel se déroule sa venue en Côte d’Ivoire. En effet, alors que sous GBAGBO, il ne se passait pas un jour sans que l’on n’évoque les prétendues violences et atteintes aux libertés fondamentales, VALLS élude la question en attestant d’emblée que la Côte d’Ivoire est une démocratie et en évoquant les tensions antérieures qu’il relie aux pertes humaines notamment en soldats français. Justement parlons-en des soldats français morts en Côte d’Ivoire. A quelques jours de la commémoration du 12ème anniversaire du bombardement de Bouaké, où en est l’enquête ? Pourquoi la France ne porte-t-elle pas plainte contre GBAGBO pour crimes contre l’Humanité puisqu’il est à sa merci à LA HAYE ? Inversement, où en est l’enquête sur la fusillade de l’Hôtel Ivoire qui incrimine grandement la force Licorne qui a tiré sur une foule aux mains nues devant l’Hôtel Ivoire en novembre 2004 [10].


Si la Côte d’Ivoire est une démocratie comme le Premier Ministre français l’affirme dans cette interview, qu’il nous dise pourquoi des centaines de prisonniers politiques croupissent dans les geôles ivoiriennes souvent maintenus au secret dans le cadre d’arrestations et de détentions extrajudiciaires ! [11]


Si c’est vraiment par hasard que sa visite en Côte d’Ivoire tombe le jour du référendum sur la Constitution de son ami OUATTARA comme il le prétend, alors pourquoi met-il autant de zèle à nier les atteintes aux libertés fondamentales notamment celles de l’opposition de s’exprime, atteintes que que même HRW reconnaît, ONG pourtant peu suspecte de sympathie envers Laurent GBAGBO, elle qui a tout fait pour le faire tomber et l’envoyer à LA HAYE devant la CPI en bonne amitié avec le milliardaire Georges SOROS [12].


Quoi, les  Ivoiriens ne seraient que du bétail électoral pour ex et actuel Président burkinabé en quête de pouvoir et d’impunité ? La Côte d’Ivoire serait-elle donc reléguée au seul passage obligé du gotha politique français en quête de stature présidentielle ? 


Pour finir, VALLS va même jusqu’à affirmer que tout irait bien en Côte d’Ivoire. A nous de lui montrer le contraire en relayant la formidable et courageuse mobilisation du peuple ivoirien contre la mascarade référendaire actuellement en cours [13] et en  investissant massivement les réseaux sociaux et notamment son espace Twitter où il fait la promotion de ses riches amis dictateurs qui ensanglantent l'Afrique de l'Ouest [14].





[1] Article de RFI consacré à la tournée de VALLS en Afrique de l’Ouest : « Manuel Valls en tournée africaine, pour parfaire sa stature d'homme d'Etat? »


[3] Côte d'Ivoire-France: Pour Valls décoré une nouvelle fois, Ouattara a beaucoup fait pour la réconciliation http://koaci.com/m/cote-divoire-france-pour-valls-decore-nouvelle-fois-ouattara-beaucoup-fait-pour-reconciliation-103376-i.html + article consacré à cette visite et à l’amitié de longue date des deux hommes aux noms d’intérêts convergents :  http://contrepoids-infos.blogspot.fr/2016/10/valls-au-chevet-de-ouattara-complicite_66.html


[5] Voir interview précitée en note 1



[8] 2 articles de Théophile KOUAMOUO pour illustrer la nocivité des C2D (Contrats de Désendettement et de Développement) : http://kouamouo.ivoire-blog.com/archive/2014/09/28/pourquoi-le-rapport-vedrine-nous-permet-de-mieux-comprendre-450956.html

[9] Article de l’économiste financier Jean-Charles TIEMELE intitulé « PPTE CÔTE D’IVOIRE : le point d’achèvement et après ? » http://www.ladepechedabidjan.info/PPTE-Cote-d-Ivoire%C2%A0-Le-point-d-achevement-et-apres%C2%A0_a7168.html



[12] Sur le rôle aussi déterminant que néfaste du milliardaire Georges SOROS  et autre ONG :



[14] Lien vers la page Twitter de Manuel VALLS : https://twitter.com/manuelvalls





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