Crimes et mensonges au pays des éléphants : confessions involontaires de Mamadou TOURE

 Compte Rendu d’une « immersion» en territoire ennemi :
Pendant que le pouvoir dozocratique installé par les bombes franco-onusiennes venait encore de révéler sa véritable nature antidémocratique en réprimant sans raison et une fois de plus une manifestation pacifique de la JFPI à Abidjan[1], Mamadou Touré se livrait à l’une de ses activités favorites : la réécriture de l’Histoire de la Côte d’Ivoire à l’encre du sang des dignes enfants de la Côte d’Ivoire sur l’autel de la dépendance monopolistique de sa clique du RDR au pouvoir.
Ce samedi 05 avril 2014, en effet, après avoir participé à une partie de la journée « Mémoire et justice pour le Congo Brazzaville », j’ai rejoint les quelques 200 personnes encore rassemblées place de l’Opéra pour protester contre l’inversion des victimes et des bourreaux en Côte d’Ivoire avec la déportation de Laurent GBAGBO et de Blé GOUDE à la CPI, et les exactions qui se poursuivent au pays tandis que les véritables criminels, OUATTARA, SORO, leurs complices et commanditaires continuent de terroriser la Côte d’Ivoire à la tête de laquelle ils ont été installés par la force.
Ayant appris via Facebook le matin que le RDR organisait une réunion publique le même jour à l’AGEGA(Paris), je décide de m’y rendre avec un compagnon de lutte pro-Gbagbo qui me confirme la tenue de cette réunion publique ouverte à tous les « Ivoiriens et les amis de la Côte d’Ivoire ». Je suis en effet convaincue que la mobilisation doit être multiforme et multipolaire, que les marches ont leur importance, mais qu’il faut aussi ne pas laisser le RDR se refaire une fausse image de respectabilité, de parti tolérant et démocrate qu’il n’est pas, que c’est prenant ses dirigeants en flagrant délit de contradiction, de mensonge sur des dossiers concrets et bien documentés que l’on réussira à inverser le rapport de forces notamment au niveau des décideurs politiques, ONG et autres « droitsdelhommistes » qui ne peuvent se permettre de perdre le peu de crédibilité qui leur reste en continuant à soutenir des autorités qui ne savent gouverner autrement que par la Terreur.
Le récit qui va suivre prêterait à sourire tellement les « Alassanistes » -c’est comme cela qu’ils se sont présentés- sonnent creux, si l’on oublie que ce sont eux qui  tiennent entre leurs mains le destin de nos parents avec le  pouvoir de décider qui doit vivre ou mourir dans l’Etat de non droit qu’est devenue la Côte d’Ivoire.
Arrivés sur place dans une salle quasi-vide (la même salle qui est toujours bondée lors des meetings pro-Gbagbo), nous constatons que la conférence-débat qui était supposée démarrer à 19h n’a toujours pas commencé. Nous nous asseyons et attendons l’arrivée des conférenciers annoncée comme imminente. La dizaine de personnes présentes déploie une banderole où l’on peut lire : « CE CE CI Collectif pour un Engagement Citoyen pour l’Emergence de la Côte d’Ivoire ».
Pour tromper l’ennui en attendant le conférencier Mamadou TOURE- conseiller technique en charge de la Jeunesse et des Sports d’Alassane OUATTARA- qui n’est toujours pas là à 21h30, le porte-parole du « CE CE CI » (ce n’est pas une blague, c’est vraiment ainsi qu’ils ont baptisé leur mouvement) et un de ses « camarades » prennent la parole. «CE CE CI » « Comité de Pilotage conférence débat » indiquent-ils sur la feuille de présence. Rien que cela !
Ahmed FOFANA, porte-parole du « CE CE CI » nous explique que ce collectif a été créé il y a 4 mois  à l’initiative de jeunes entrepreneurs, d’étudiants issus de partis politiques ou d’associations apolitiques qui ont décidé de s’unir pour porter le programme d’ADO aux élections de 2015. Ah enfin, on sait qui se cache vraiment derrière le faux nez de ce collectif qui se veut ouvert et réconciliateur. Il insiste bien sur le fait que ce sont des jeunes instruits, que son collègue Guy KORE est ingénieur chimiste et que lui-même Ahmed FOFANA est spécialiste consultant en communication dans une « Boîte »… Des fois que l’on en doute et/ou que l’on mesure le degré de légitimité ou d’intelligence d’un individu à son niveau d’instruction !
Le porte-parole du tout nouveau « CE CE CI » évoque une précédente rencontre à la Bourse du Travail avec « l’honorable » Alphonse SORO (c’est lui qui le dit) qui aurait été une réussite totale. « L’émergence n’est pas une fin en soi. C’est un chemin ! Chacun doit mettre son grain de sel à l’édifice » (NDLR : trouvé sur Internet pour moquer cette formule malheureuse : « Attention que ton grain de sel à l édifice ne soit pas la pierre angulaire du fil à couper le beurre qui fera déborder le vase en quatre »).
Le même Ahmed FOFANA continue : « On a l’étiquette RDR. Mais les membres du collectif ne sont pas forcément RDR. Nous discutons avec tous les Ivoiriens qui croient en l’action du Président ADO ». A donc ils reconnaissent qu’ils acceptent le dialogue, qu’ils veulent aller à la réconciliation, mais uniquement entre eux, comme si les 46% au moins de la population ivoirienne qu’ils admettent à contre coeur avoir voté GBAGBO n’avait ni droit de citer, ni même de dialoguer. Drôle de conception de la réconciliation !
Guy KORE prend le relais : « on a décidé d’entreprendre des actions avec le FPI. Nous étions à la dédicace d’Abel Naki. Nous étions 3 en délégation et nous avons amorcé le dialogue avec Abel Naki qui est connu comme  le plus déterminé des Pro-Gbagbo ». NDLR : en quoi le simple fait de discuter avec Abel Naki -si cette rencontre est confirmée par l’intéressé- a-t-il  à voir avec le FPI dont la direction n’a pas à notre connaissance désigné Abel Naki pour la représenter ou bien ?
Et là tenez vous bien, la mise en garde à ses propres partisans de notre ingénieur chimiste précité vaut son pesant de cacahouètes… et vient fissurer tout le vernis de respectabilité que le RDR cherche à se redonner !  « Le collectif se veut très pacifique. A ce titre, je tiens à dire que tout à l’heure, il y aura des questions posées au conseiller du Président ADO. Comme nous ne sommes pas dans le cadre d’une réunion privée, il y aura peut-être des questions qui vous dérangeront. Mais nous sommes un mouvement pacifique. Alors je vous demande de ne pas vous en prendre aux personnes qui pourraient critiquer le Président. » L’insistance de ce responsable RDR qui a mis plusieurs fois en garde ses maigres troupes contre la tentation de s’en prendre physiquement à nous, est un aveu en soi du manque d’expérience des partisans de Ouattara dans le respect du débat contradictoire. Je dis « nous » car nous étions alors les deux seuls pro-Gbagbo identifiés dans la salle dès lors que mon compagnon de lutte était connu et que je m’étais moi-même inscrite sur leur liste de présence comme « militante pro-Gbagbo » dans la rubrique : « à quel titre êtes-vous là ? », histoire de ne pas donner l’impression de cautionner leur « CE CE CI » en ne mentionnant pas mon appartenance militante. Et puis, je suis pro-Gbagbo et fière de l’être. Pas comme ces personnalités politiques, à commencer par le Maire réélu de ma commune, qui passent leur temps à dire en off qu’ils soutiennent Laurent Gbagbo et qu’ils sont désolés de ce qui lui arrive tout en se gardant bien de la moindre déclaration publique qui pourrait accélérer sa libération !
A 22h25 exactement la conférence débat commence devant une assistance clairsemée de 28 personnes précisément (dont nous et Koné Ladio Issa Sankara qui aura passé sa soirée à apporter la contradiction à Mamadou TOURE si l’on en croit ce dernier puisqu’il était déjà avec lui lors de son précédent meeting à l’Hôtel Mariott. Notre camarade de lutte a même fait forte impression sur le conseiller de OUATTARA qui le citera pas moins de 8 fois en tant que contradicteur allant même jusqu’à le rendre responsable d’une grande partie de son retard de 2h30. Ben voyons, heureusement que le ridicule ne tue pas ! Sans compter que c’est un sacré manque de respect pour ses partisans que de les faire attendre pendant plusieurs heures pour ferrailler avec un seul pro-Gbagbo qui n’était pas d’accord avec sa présentation idyllique de la Côte d’Ivoire sous Ouattara). Donc le conseiller Touré va présenter plusieurs fois ses excuses pour son retard en insistant bien sur le lieu prestigieux de son précédent RDV, peut-être pour mieux se pénétrer de son importance de « nouveau riche » qui fréquente les hôtels de luxe de la capitale ! Otons lui également d’un doute : il semblait croire que la salle était plus pleine mais s’était vidée en raison de son retard de plusieurs heures, alors qu’en fait la salle est restée vide toute la soirée.
Partant du thème annoncé de la conférence-débat: « Réconciliation et Développement. Quels enjeux pour la CI ? », Mamadou TOURE annonce qu’il se bornera compte tenu de l’heure tardive à faire un résumé de ce qu’il a déjà exposé à Mayott, plaidoyer pro domo qui va finalement se muer en conférence de presse aux questions censurées et aux réponses aussi sélectives qu’amnésiques.
Mamadou Touré commence par la seconde partie du thème imposé qui est le développement. La Côte d’Ivoire sous Ouattara version Mamadou Touré au pays des merveilles, cela donne ceci :
Mamadou Touré, VRP de la CI pour investisseurs indifférents aux souffrances des populations civiles, évoque tout d’abord le repositionnement diplomatique. « On a des représentations diplomatiques dans la quasi-totalité des pays reconnus par l’ONU. La CI s’est réconciliée avec tous les pays voisins. Le leadership du Pdt Ouattara à la tête de la CEDEAO a permis à la CI de rehausser son rayonnement international. Le Premier Ministre du Japon a effectué une visite officielle en CI, une Première, ainsi que le Président chinois ou encore le Roi du Maroc,…Le Président Ouattara a permis de revenir à la Côte d’Ivoire d’Houphouët Boigny» Il est vrai que revenir à la Côte d’Ivoire du parti unique, de l’assassinat de ses opposants, c’est le rêve de tout bon dirigeant françafricain… Je ne suis pas sûre que cela soit celui du citoyen Ivoirien épris de justice et d’indépendance !
Toujours sur le thème de la CI virtuelle du VRP de service : « Le 11 avril 2011, la CI n’avait pas d’Armée. L’un des défis qui s’est posé à la CI a été de réformer l’Armée. Les FRCI ont été créées. Le CCDO (NDLR : Centre de Coordination des Opérations Décisionnelles créé en 2013) a permis tout de suite de sécuriser la situation. Aujourd’hui, Abidjan a le même indice de sécurité que Genève. On est revenu à une situation normale. La BAD est revenue. Or la BAD ne peut pas revenir si les Dozos tuent partout les gens. » Donc Mamadou TOURE reconnaît que ce ne sont pas les partisans pro-Gbagbo pas plus que les forces loyalistes qui semaient la terreur mais bien les Dozos et autres forces incontrôlés… CQFD !
« Au plus fort de la crise électorale, il y avait 1 million de déplacés selon le HCR. Plus de 80% des exilés sont retournés au pays. Ils s’épanouissent et vaquent à leurs occupations. » Là encore les dizaines de milliers d’Ivoiriens chassés de leurs Terres et de leurs maisons qui les trouvent au mieux occupées, au pire pillées ou détruites à leur retour d’exil souvent forcé auront tout le loisir de se laisser bercer par les fables de Mamadou TOURE. De toutes les façons, ce n’est pas à ces laissés pour compte de la crise ivoirienne que s’adresse ce discours mais bien aux supporters argentés du Pdt OUATTARA en vue du financement de sa prochaine campagne électorale.
« Ouattara a réintégré tous les militaires. Si Gbagbo avait fait la même chose en 2001, on n’aurait pas eu la rébellion ; on n’aurait pas eu la crise électorale. » Là encore, bel aveu qui rejoint le fameux discours de Koné Zakaria à SEGUELA en 2005[2]: le coup d’Etat de 2002 a été déclenché pour protester contre les sanctions à l’encontre d’une poignée d’anciens putschistes. La Côte d’Ivoire a donc été mise à feu et à sang pour l’ambition de quelques-uns et non pour protéger des groupes de populations civiles instrumentalisées.
Mamadou TOURE liste ensuite les gestes de réconciliation du régime qu’il soutient envers l’opposition : dégel des avoirs de 46 personnalités, plus de 100 libérations provisoires,… Contrairement aux pro-GBAGBO si on en croit ses affirmations mensongères : « Nous ne sommes pas dans une posture de vengeance. Nous attendons le premier acte fort du FPI. Le FPI n’a encore jamais fait un seul geste en faveur de la réconciliation. OUATTARA a demandé pardon ; BEDIE a demandé pardon ; SORO a demandé pardon… Leur « On va recompter », c’est de la pure propagande. Alors on nous dit qu’on a recompté en Haïti ou encore aux EU, mais le recomptage, c’est uniquement lorsqu’il y a une faible différence entre le nombre de voix entre deux candidats. Ca ne pouvait pas s’appliquer à la Côte d’Ivoire. Il faut que le FPI arrête de prendre en otage certaines populations. « Le prix de la ruse, c’est la violence » disait Amadou Hampatê BA et le FPI a récolté ce qu’il a semé. » Donc les accords de MARCOUSSIS où l’on a mis sur un pied d’égalité un gouvernement légitime et des rebelles, ceux d’ACCRA, de OUAGADOUGOU, la caravane de la paix, le désarmement moult fois signé par les rebelles mais jamais réalisé… tout cela c’était de la comédie ? Nous on le savait déjà, mais c’est encore mieux quand ce sont les chantres du « démocrate » OUATTARA qui l’avouent !
Mamadou TOURE très en verve dès qu’il s’agit d’incendier cadeau l’opposition poursuit sur Blé GOUDE : « quelques personnes qui font semblant de pleurer son transfèrement à la CPI se réjouissent en privé car il leur fait de l’ombre ». Il nous sert à nouveau la thèse de la fuite des photos de Blé GOUDE à la DST qui serait le fait des « amis » de Blé GOUDE qui auraient trouvé là un moyen de l’écarter du pouvoir… « Moussa TOURE ZEGUEN, Damane PICKASS ont eux-mêmes parlé d’un arrangement  avec le pouvoir quand le Ministre Blé GOUDE a été arrêté au GHANA puis extradé en CÔTE D’IVOIRE.» Est-ce là digne d’un représentant d’un  Président de la République -fut-il de fait- de justifier l’arrestation, la détention inhumaine et le transfèrement à la CPI d’un de ses plus célèbres opposants par les rumeurs qui circulent au sein de la galaxie patriotique ? Quelle médiocrité pour un conseiller technique présidentiel que de se livrer à de telles «assertions» qui, vraies ou fausses, n’intéressent pas grand-monde là où nous continuons d’interpeller le Gouvernement de fait de la Côte d’Ivoire sur le respect des droits des opposants, des prisonniers politiques et de tout citoyen ivoirien qui n’est pas du même bord que lui. Et puis faire croire que les « fuites » sur les conditions inhumaines de détention de Blé GOUDE à la DST ivoirienne à l’instar de nombre de ses compagnons seraient le fait des pro-GBAGBO, c’est admettre qu’il règne une sacrée insécurité au plus haut niveau de l’Etat. Alors, au lieu de pavoiser sur les désirs refoulés réels et supposés des partisans de l’ancien régime, Mamadou TOURE serait bien mieux inspiré et surtout plus respectueux de ses fonctions et de son rôle dans le cadre d’un débat annoncé contradictoire de nous expliquer comment les ministères de la Justice, de l’Intérieur, de la Défense du pays du bien être et du bonheur à la direction duquel il croit participer justifient les arrestations arbitraires, les détentions abusives, les tortures morales et physiques, les répressions de mouvements pacifiques,  les crimes impunis qui se poursuivent en CÔTE D’IVOIRE.
Pour conclure son monologue sur le thème « Réconciliation et Développement. Quels enjeux pour la CI ? », Mamadou TOURE affirme que « le Président OUATTARA va continuer à agir indépendamment des susceptibilités de l’opposition ». C’est vrai, nous oublions toujours que si nous sommes prompts à dénoncer les actes de tortures indignes et avérés de prisonniers politiques, les assaut violents et meurtriers donnés aux rassemblements pacifiques de l’opposition, les assassinats de journalistes et autres personnalités, pourtant abondamment documentés par des ONG peu soupçonnables de pro-GBAGBOISME qui n’ont plus les moyens d’occulter les nombreuses atteintes aux droits fondamentaux qui sévissent en CÔTE D’IVOIRE, c’est uniquement par « susceptibilité »… Si refuser l’Etat de non droit qu’est devenue la CÔTE D’IVOIRE, c’est être « susceptible », alors oui nous autres pro-GBAGBO sommes susceptibles, très susceptibles !
Dernière confession involontaire de Mamadou TOURE avant de répondre aux questions de la salle : « Ce qui a été fait en 2002 est condamnable et doit être dénoncé. Mais ce qui a été fait après 2002 est également condamnable ». Tout d’abord Mamadou TOURE admet l’illégitimité du  coup d’Etat manqué du 19 septembre 2002 et donc en filigrane la responsabilité pénale de ses commettants face à  ses dizaines de milliers de victimes. Ensuite, ôtez-moi d’un doute, le RDR et ses alliés du RHDP ne sont-ils pas a minima coresponsables de tout ce qui est arrivé en CÔTE D’IVOIRE depuis 2002 dans la mesure où ils ont depuis participé à tous les gouvernements de coalition mis en place pour essayer de résoudre pacifiquement la crise ivoirienne qu’ils ont ouverte avant de prendre le pouvoir par la force à l’issue du sanglant conflit postélectoral de 2010/2011?
Réponses aux quelques questions retenues par le conseiller technique en voyoucratie alassaniste Mamadou TOURE dont l’immodestie n’a d’égale que la mauvaise foi et la prétention à l’omniscience :
Le premier à intervenir ne pose pas de question mais évoque son parcours de « Patriote » : il se dit de DUEKOUE. Il dit qu’il ne braise pas et qu’il ne chicote pas lui. Mais que pour qu’il y ait développement, il faut d’abord qu’il y ait réconciliation, et que pour qu’il y ait réconciliation, il y a des préalables. Personnellement, je n’ai pas compris le sens de son intervention, sauf qu’il s’affichait comme un militant du RDR. Mais j’ai pensé très fort à mon voisin[3] avec qui j’étais venue qui a vu 2 de ses frères égorgés ainsi qu’un de ses cousins  par les rebelles FRCI, rien qu’en 2011 à DUEKOUE[4]  justement et je me suis demandé ce qu’il ressentait à ce moment là précis, de voir les bourreaux de sa famille, de son peuple de son pays jouer encore les victimes après avoir pris le pouvoir en mettant le pays à feu et à sang depuis 2002[5].
Un des supporters du régime pose la question de l’indemnisation des victimes ivoiriennes du coup d’Etat de 2002 qui n’a toujours pas eu lieu alors que toutes les entreprises françaises ont été indemnisées. Le Président OUATTARA s’était engagé à le faire. Il a fait enregistrer son dossier de demande d’indemnisation, sans suite. IL l’a déposé à plusieurs reprises aux services concernés. Le dossier a été remis à Jeanne PIEMONT,… Lui avait une entreprise à BOUAKE et distribuait exclusivement du gaz à Pétroci. Mamadou TOURE  confirme que le Président OUATTARA a tout fait pour tenir sa promesse en demandant à la Primature d’instruire les dossiers, mais que très vite on a été dépassé par les demandes. « Notre travail est difficile » poursuit le conseiller technique présidentiel, « mais personne n’étouffe le Président OUATTARA. Parce qu’il est très transparent. Un des premiers actes posés par le Pdt, c’est de réformer le service courrier de la Présidence. Parce que dès que vous déposez un courrier, il est enregistré et vous recevez un numéro de dossier. S’il vous plaît, n’hésitez-pas à écrire directement au Président. Ce n’est pas comme avant. Le président a gardé le même mail et le même numéro de téléphone qu’avant de devenir président. Même nous, on ne peut rien lui cacher ». Mamadou TOURE donne ensuite un exemple pour illustrer cette grande accessibilité du Pdt : celui d’une famille qui avait des problèmes pour scolariser ses enfants. Le chef de famille a écrit au Pdt qui a convoqué Mamadou TOURE ainsi que Mamadou SOUMAHORO pour veiller à ce qu’ils règlent le problème à partir du courrier qu’il avait reçu. Cela me rappelle SARKOZY qui prétendait résoudre des dossiers personnels devant les caméras pour donner l’impression d’être abordable et sensible aux malheurs d’autrui. Une empathie aussi feinte qu’intéressée.
Le troisième militant RDR à intervenir est pétri d’indignation quand il prend la parole. « Nos parent ont été tués froidement par Blé GOUDE et ses milices. Yves LAMBLIN et les autres Blancs ont été tués. Les Baoulés que nous sommes ont été pourchassés dans les rues. Il y en a un au FPI, je ne veux pas dire son nom, car quand je dis son nom, ma nuit devient noir, mais je dis quand même son nom, c’est Affi N’GUESSAN qui dit aux gens de ne pas se faire recenser. Nous là ça nous dérange. » Alors là vraiment la machine à falsifier l’Histoire en inversant la victime et le bourreau se met en marche : « Le Président OUATTARA a tout subi. Sa mère a été déterrée et sa tombe profanée… Ses collaborateurs ont été assassinés et lui-même a failli être assassiné (il cite Adama DOSSO). Alors si lui peut pardonner, alors nous devons aussi pardonner car nous n’avons pas d’autre choix que celui là. » Et de citer l’Afrique du Sud et Nelson MANDELA à titre d’exemple. On savait déjà que OUATTARA se prenait souvent pour Dieu, alors un peu plus, un peu moins de mégalomanie, ça ne change pas grand-chose pour nous… Sauf qu’il nous appartient de rappeler que même en Afrique, la Commission de la Vérité et de la Réconciliation a reconnu les crimes de l’apartheid et la responsabilité des Boers, tout en les exonérant de peines, mais elle n’a pas, que nous sachions, inversé la victime et le bourreau. Et Mamadou d’ajouter même avec toujours la même fausse candeur : « que ceux qui veulent se réfugier comme GBAGBO dans la rancœur se trompent , qu’il faut transcender sa douleur pour pardonner et se réconcilier comme l’a fait le président OUATTARA. La meilleure réponse à Affi NGUESSAN, c’est de continuer sur la voie du pardon et de la réconciliation ». Il continue en rappelant d’ailleurs qu’à part quelques dirigeants du FPI extrémistes, la plupart des gens du FPI sont prêts à accepter ces conditions.
De KOUA Justin, il dit qu’il est allé plusieurs fois discuter avec lui car lui, Mamadou TOURE n’est pas pour qu’on enferme les pro-GBAGBO. Il poursuit « quand vous le voyez, il est tout petit là ». Son ami Sarkozy sera ravi de voir comment les dirigeants du RDR moquent publiquement les gens qu'ils considèrent de petite taille. Puis se rendant sans doute compte du caractère aussi déplacé que puéril de ses propos sur le physique de son adversaire, il tente de se justifier : « eh bien oui j’ai été surpris car quand on le voit sur les réseaux sociaux et qu’on l’écoute, on a l’impression qu’il est…, mais il est tout petit, c’est un enfant… Il n’a vraiment pas un mauvais fond. Quand je suis allé le voir » (NDLR : on aimerait savoir si c’était dans le container frigorifié de la DST où KOUA Justin a été enfermé plusieurs jours dans des conditions inhumaines et à l’issue incertaine pour le dissuader de continuer à critiquer le régime), « il s’est plaint que ses proches collaborateurs de la JFPI aient été arrêtés et maltraités. Je lui ai demandé de faire une liste pour voir si on pouvait s’arranger mais KOUA Justin a refusé ». Il aurait dit : «Je te donne aucune liste. Moi-même là, je veux qu’on me mette en prison. C’est comme cela que l’on parlera de nous.» Les Mahan Gahe, T Wilfried Désiré TAGRO, Alex Saint-Joël GNONSIAN,… et autres victimes décédées suite aux mauvais traitements de leurs « bienveillants » geôliers ainsi que leurs familles apprécieront.
Par opposition aux partisans de GBAGBO qu'il qualifie d'extrémistes, Mamadou TOURE trace la marche à suivre pour les opposants qui veulent rester libres : « Marcel GOSSIO est rentré, Eugène ALLOU également. J’ai lu leurs récits et ils reconnaissent les erreurs du passé».
A ma question concernant l’avancement de l’enquête concernant l’assassinat du journaliste  Désiré OUE le 14 novembre 2013 à son domicile tué à bout portant sous les yeux de sa fille, voici ce que Mamadou TOURE a répondu :
« Je vois Madame que vous ne connaissez pas ce dont vous parlez. Désiré était membre d’une ONG qui participait aux Assises de la Jeunesse. J’ai été appelé le lendemain de sa mort. Je suis allé à son domicile pour présenter le traditionnel Yako. Là j’ai longuement parlé avec ses proches, son frère notamment. Les parents disent que Désiré OUE était au siège de l’ONG « AOF » à Angré. Qu’il est ensuite passé chez sa mère, qu’il a quitté là-bas à 19h30 et qu’il est ensuite rentré chez lui sans savoir qu’il y avait déjà un braquage. Là il est tombé  nez à nez avec des braqueurs qui sortaient de chez lui au moment où il arrivait. S’il était arrivé 10mn plus tard, il ne lui serait rien arrivé. Désiré a résisté car ils voulaient lui prendre ses appareils. 1 des braqueurs lui a tiré une balle dans le flanc. Blessé, Désiré a dit à son frère : « dites à ma femme que j’ai été blessé par un braqueur ». Il a ensuite été envoyé à la polyclinique des 2 plateaux où il est décédé. Quand je suis allé voir la famille, il y avait des gens de tous bords, des pro-Ouattara, des pro-Gbagbo, des jeunes, mais tous pleuraient le grand frère Désiré OUE. Le lundi avant son assassinat, j’étais avec lui. J’ai fait plus d’une centaine de réunions avec lui. Je le connaissais bien. Certains ont écrit que c’était un milicien pro-GBAGBO, qu’il animait des Agoras…  Des sites comme le Banco.net [NDLR : en fait il s’agit du mentor.net et de cet article : http://www.lementor.net/?p=6198]. Un autre site là… Ces nouveaux sites sur Internet» Comme il cherche ses mots, quelqu’un dans l’assistance a suggéré « Ivoirebusiness ? » Mamadou TOURE a dit : « Non pas celui là, connectionivoirienne ou quelque chose comme ça [NDLR : je pense rétroactivement que Mamadou TOURE voulait parler d’eburneainformation qui l’a publiquement mis en cause dans un article intitulé : « Touré Mamadou conseiller de Ouattara à la jeunesse a-t-il livré Désiré Oué? » http://eburneainformation.over-blog.com/2013/11/tour%C3%A9-mamadou-conseiller-de-ouattara-%C3%A0-la-jeunesse-a-t-il-livr%C3%A9-d%C3%A9sir%C3%A9-ou%C3%A9.html ]  Moi quand je travaille avec quelqu’un, je le juge sur ses compétences. D’ailleurs je ne savais même  pas qu’il avait travaillé à la Présidence avant son,son… … » Comme Mamadou TOURE ne parvenait à prononcer le mot, j’ai crié « assassinat » et Mamadou TOURE a poursuivi en colère : «Désiré OUE n’a pas été tué parce qu’il était Pro-GBAGBO. Désiré OUE a été tué par accident. » Comme je lançais : « une mort par balle, vous appelez ça un accident? » Il a répondu, « oui par accident. Il a été victime d’un braquage qui a mal tourné. D’ailleurs un autre homme avait déjà été tué dans une cour voisine à cause d’un autre braquage la semaine précédente. » [Ca ne donne pas envie d’aller s’installer à  GENEVE qui paraît-il a le même indice de sécurité qu’ABIDJAN (sic !)] Comme j’objectais que je ne lui avais pas demandé de me faire le récit de la mort de Désiré OUE, mais où en était l’enquête, si un juge d’instruction avait été désigné et où en était les expertises balistiques, en m’appuyant sur sa consoeur Affoussiata BAMBA qui appelait les journalistes à respecter la déontologie de la profession en attendant le résultat de l’enquête et à ne pas tirer de conclusions hâtives, Mamadou m’a interrompue excédé : « Madame, vous êtes arrogante. La justice ivoirienne a été saisie. L’enquête suit son cours. » Puis il est passé très brièvement à mes autres questions sur la Justice des vainqueurs pour éluder totalement mes questions sur l’absence de l’Etat ivoirien dans l’affaire MAHE et l’enquête sur la mort du syndicaliste Mahan GAHE en justifiant son refus par : « vous dites que vous êtes pro-GBAGBO et bien laissez-moi vous dire que nous n’avons pas de leçons à recevoir des Pro-GBAGBO » sous les applaudissements de la salle presque vide mais qui lui était néanmoins acquise. Je reste surprise que Mamadou TOURE ait pris plus d’un quart d’heure pour parler du récit précis quasiment chirurgical des circonstances de la mort de Désiré OUE telles qu’il affirme qu’elle a eu lieu, allant même jusqu’à dire qu’il était prêt à faire une conférence de presse avec la famille de Désiré OUE, son frère aîné notamment, sans nous fournir aucun élément concret sur l’enquête dont je lui ai rappelé que nous ignorions même si elle avait réellement été ouverte[6].

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