TOUT CA POUR UN T-SHIRT ? Variations autour de la répression de la Brigade Anti Négrophobie


Violences policières  lors de  la Commémoration de l'abolition de l'esclavage du 10 mai 2011

Nouvelle catégorie d'atteinte à la sûreté de l'Etat :
Le port du T-Shirt "Brigade Anti Négrophobie" !

Quand on voit ça de l’extérieur, on est en droit de s’interroger sur ce que ces jeunes gens ont bien pu faire pour s’attirer ainsi les foudres de la République. Pour battre le pavé contre la Françafrique depuis de nombreuses années, laissez-moi vous détromper.
Ces jeunes gens ont le seul tort de porter un T-Shirt sur lequel est inscrit « Brigade Anti Négrophobie ». Ils ne  font là qu’expérimenter les méthodes fascisantes qui permettent aux gouvernements occidentaux de cacher leur visage aussi impérialiste que raciste et d'occulter les formes modernes de pillage des ressources d'autrui. En France notamment, la liberté d’expression n’est que théorique. Il existe toute une panoplie diverse et variée de moyens dissuasifs pour empêcher les gens de s’exprimer.
Voyez avec quelle perversité d’ailleurs on malmène ces jeunes gens. Comme on a rien à reprocher à ces militants pacifistes qui se présentent qui plus est cartons d'invitation à l'appui, on invente un nouveau délit = suspicion d’intention de peut-être, éventuellement, potentiellement envisager de troubler l’ordre public ! C’est vrai qu’ils sont puissamment armés ces jeunes gens = sensibles, mobilisés et intelligents avec ça ! Alors quand on leur demande de retirer leur T-shirt explosif pour ne pas dire atomique s'ils veulent rester à la cérémonie à laquelle ils ont été conviés, ils obtempèrent, même s’ils ne sont pas d’accord avec cette atteinte flagrante à leur liberté d’expression. Et que croyez-vous qu’il arrive ? Nonobstant la promesse d’une des agents de police de les installer moyennant retrait de leur T-shirt, ils sont encerclés par plus d’une vingtaine de policiers et expulsés manu militari de la cérémonie !
Bon, j’admets que je ne suis pas totalement impartiale dans cette affaire. Je milite – pas assez activement il est vrai sans doute – depuis des années contre la Françafrique.
Pour l’anecdote, cette répression scandaleuse d’une mobilisation non violente de la Brigade Anti Négrophobie me rappelle d’autres expériences vécues du même acabit. Je pense par exemple à une manifestation de protestation contre la venue de Sassou NGUESSO, ce "démocrate" congolais bien connu de tous  au pouvoir depuis 34 ans au CONGO BRAZZAVILLE érigé en Pdt d’une Conférence sur le développement durable d’un jour au Palais du Luxembourg (Tiens justement le même symbole républicain honteusement détourné de ses missions souveraines fondamentales !). Et nous voilà encerclés  par rien moins que 3 cordons de CRS qui dissuadent efficacement les gens de nous approcher en nous faisant passer pour des  "terroristes d’extrême gauche" (après m’avoir prise pour une passante landa et m’avoir suggéré de ne pas m’approcher des militants, les mêmes forces républicaines françaises se sont ravisées et m’ont fouillé corporellement dès qu’ils ont su que j’étais une de ces dangereux activistes !
Toujours dans le registre de l’analogie - que l’on pourrait qualifier d’anecdotique si ce qu’elle révèle de l’état pitoyable de notre pseudo-démocratie n’était pas aussi grave – j’évoquerai la couverture de la marche pro-Gbagbo du dimanche 19 décembre 2010 place de la République. Alors là l’analogie s’apprécie par contraste = alors que toutes les formalités étaient parfaitement remplies et la manifestation autorisée, les forces de l’ordre avaient visiblement des consignes précises face aux réels troubles assortis de violences perpétrés par les casseurs pro-Ouattara (jets de pierre, de bouteilles, bastonnades, agressions à l’arme blanche,…). En l’occurrence que croyez-vous qu’ils firent ? Et bien ils encerclèrent pendant plus de 2 heures les manifestants (majoritairement des femmes de tous âges venues pour certaines dont votre serviteure avec leurs enfants) les livrant sans défense aux "gbagbonades" des manifestants pro-Ouattara armés  (cf. article et vidéo sur le lien suivant : manifestation du 18 décembre 2010).

A ceux qui ne verraient pas clairement le lien, je les invite à réfléchir au paradoxe suivant :
On encage des manifestants non violents de la Brigade Anti Négrophobie venus assister  à la commémoration de l’abolition de l’esclavage ce 10 mai 2011 alors que l’on laisse les casseurs pro-Ouattaro-sarkozystes troubler la manifestation pacifique des pro-Gbagbo pourtant autorisée par la Préfecture. Dans les deux cas toutefois, félicitons les vrais défenseurs de la Démocratie et de la liberté d’expression qui n’ont pas répondu à la provocation, ni cédé à la violence… Les forces de l’ordre qui n’attendaient visiblement que ça pour intervenir et coffrer tout le monde en ont été pour leurs frais !
Quittons maintenant le terrain de l’anecdote et remettons en perspective cette violence policière aussi injustifiée que disproportionnée sur deux axes, l'un national l'autre international.

La police débordée ? 2 poids-2 mesures !

Au plan national, on est en droit de s’interroger sur un tel déploiement de moyens coûteux pour le simple port de T-shirt jugés provocateurs alors que les atteintes réelles aux biens et aux personnes se multiplient de toutes parts et particulièrement dans les banlieues défavorisées auxquelles j’ai la chance d’appartenir (eh oui, personnellement je considère cela comme un honneur de vivre au milieu des gens ordinaires ce qui ne m’empêche ni ne m’interdit de dénoncer les atteintes permanentes au vivre ensemble qui sont légions). Pour parler par exemple de la ville de SARCELLES dans laquelle je réside, les incivilités, agressions et violence en tous genres ont lieu fréquemment et passé la garde du Nord, je n’ai pas le loisir d’être rassurée par une présence policière ou militaire régulière dans le RER D que j’utilise quotidiennement. De la même façon, notre bailleur Opievoy nous laisse vivre dans l’insécurité la plus totale en ne faisant rien contre un squat de plus de deux ans de délinquants toxicomanes dans nos caves remplies de papiers et de cartons particulièrement inflammables au vu et au su tant des élus que des responsables institutionnels locaux sans que cela ne génère aucune intervention particulière de la Police pourtant prévenue à de nombreuses reprises et nonobstant des mains courantes répétées (et là les squatteurs aussi bien que les riverains excédés possèdent des armes bien plus dangereuses et réelles que les simples T-Shirts de la brigade Anti Négrophobie).  Il y a moins de 15 jours, un de mes voisins particulièrement en colère tirait en l’air à la carabine pour protester contre l’occupation de notre barre d’immeubles par lesdits squatteurs ! Et que croyez-vous qu’il arriva = RIEN car la « stratégie de l’édredon » tant dénoncée par Mongo BETI dans son combat contre la Françafrique fait aussi partie des moyens particulièrement efficaces et dissuasifs d’asservissement des masses populaires.
Au plan international maintenant, le parallèle peut être fait avec ce qui se passe en Côte d’Ivoire. En France, on réquisitionne des forces de l’ordre en masse pour coffrer des manifestants pacifiques et ainsi les empêcher d’exercer leur liberté d’expression jugée subversive sans doute. En Côte d’Ivoire, on libère des détenus de droit commun des prisons et on les envoie réprimer les populations civiles sans aucune formation ni préparation… Dans les deux cas, il s’agit d’asservir le peuple et d’empêcher les insoumis de s’exprimer et de fédérer autour d’eux…
Une nuance de taille toutefois :
Porter un T-shirt hostile au pouvoir en France  vous expose à une arrestation un peu musclée (oui, car être antinégrophobe, c’est forcément être antisarko… CQFD !) ;
Porter un T-shirt ou toute autre marque d'appartenance réelle ou supposée au clan GBAGBO vous condamne à mort en Côte d'Ivoire en ces temps d’épuration ethnico-politique et d’AFROTERRORISME de l’axe atlantico-sarko-ouattariste ! (lien sur la page : l'épuration ethnico-politique se poursuit)


Christine TIBALA

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