Et si l’affaire MAHE ne faisait véritablement que commencer ?

                    Firmin MAHE avec son fils (photo non datée)

Firmin MAHE est ce jeune civil ivoirien torturé, puis assassiné par l’Armée française le 13 mai 2005 en CÔTE D’IVOIRE, dont la dépouille est toujours en attente de sépulture à la morgue de TREICHVILLE. Après un verdict inique et des tentatives d’étouffement répétées (1), cette sombre affaire vient à nouveau à l’audience ce mardi 17 décembre devant la Cour d’Appel de PARIS  Pôle 2 Chambre 4 à 9h30 salle 1, 4ème étage, tout en haut de l’escalier Z dans le cadre de l’appel interjeté tant par les militaires condamnés que par les parties civiles au procès.
La famille de la victime qui s’est constituée partie civile depuis plus de 8 ans attend toujours que Justice lui soit rendue. Maître Norbert TRICAUD, grand ténor du Barreau au service du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, reprend la Défense de la famille MAHE avant de porter plainte contre l’Etat français (comme Maître Fabien NDOUMOU –d’ailleurs dessaisi par la famille pour abandon et abus de faiblesse – s’était engagé à le faire sans suite depuis longtemps).  Nous invitons toutes les victimes de l’Armée française en CÔTE D’IVOIRE ou ailleurs à lui emboîter le pas.
En effet, non seulement la dépouille de la victime est toujours à la morgue de TREICHVILLE d’ABIDJAN alors qu’une ordonnance aux fins d’inhumation a été rendue depuis février 2006 (2), mais la mémoire de Firmin MAHE a été salie et attend toujours d’être réhabilitée, tandis que les coupables ont bénéficié d’un verdict inique (3), sous la forme d’un sursis intégral en dépit de l’atrocité de l’exécution de la victime, étouffé dans son coma à l’aide d’un sac poubelle sur ordre illégal de leur hiérarchie, véritable « permis de tuer » accordé à l’Armée française tandis que les opérations prétendues de maintien de la paix se multiplient dans cette partie de l’Afrique (4), Serval au MALI, Sangaris en CENTRAFRIQUE (5),… Et que la LICORNE sévit toujours en CÔTE D’IVOIRE !
A l’heure où de nombreux soldats français sont envoyés en Afrique sous couvert de ces opérations dites de maintien de la Paix, risquant leur vie pour venir au secours de populations civiles africaines victimes d’exactions répétées, il n’est pas inutile de rappeler que l’impunité est dangereuse, qu’aucune raison d’Etat ne devrait empêcher que les actions posées par l’Armée française ne soient exemptes de critiques, voire de sanctions lorsque qu’elles portent gravement atteinte aux droits de l’Homme qu’elle sont supposées défendre.
Ainsi en ce qui concerne le Procès MAHE/LICORNE qui a vu des Jurés s’écarter des peines pourtant déjà très clémentes requises par la Procureure Générale, on a assisté au procès de la victime au lieu de celui des assassins. En effet, pour justifier ce crime bestial et injuste, fusse une bavure, on a inversé la victime et le bourreau en présentant des photos des prétendus crimes imputés à Firmin MAHE. A noter que personne ne met en doute la réalité de ces crimes abjects et totalement dénués d’humanité sur des femmes et des enfants. Sauf que les photos exhibées devant les jurés pour légitimer l’assassinat de Firmin MAHE en le criminalisant post-mortem ont été prises par des amis des soldats assassins sur le site de LOGOUALE, un village Yacouba victime de crimes barbares le 28 février 2005, tandis que des photos de ce même massacre sont imputées à Firmin MAHE « pour la seule période d’avril 2005 », sans compter le reportage de TFI qui était supposé soutenir la thèse des coupeurs de route et qui a été retiré du site pro domo du colonel BURGAUD (6).
Militaires, familles de militaires ou tout simplement citoyens français,  quand vous voyez nos soldats partir pour la guerre pour protéger les populations civiles africaines comme indiqué sur papier, ne pensez pas seulement à vos impôts qui partent en fumée, car cela pourrait se justifier si ces missions étaient réellement ce qu’elles prétendent être, mais rappelez-vous que nos soldats meurent rarement POUR la France en AFRIQUE, mais beaucoup plus souvent PAR la FRANCE ! Et ce n’est pas nous défenseurs du droit des peuples africains à disposer d’eux-mêmes qui le disons, mais bien les militaires, leurs familles et leur avocat qui l’affirment : les 9 soldats français à BOUAKE le 6 novembre 2013 n’ont pas été assassinés sur ordre de GBAGBO selon Maître BALAN (7), mais bien sur ordre de l’Elysée. De même que les civils Ivoiriens victimes de la Licorne du 6 au 9 novembre (8), Antoine MASSE correspondant du Courrier d’ABIDJAN (9), les milliers d’Ivoiriens aux mains nues rassemblés autour de la Résidence de Laurent GBAGBO en avril 2011 pour défendre leurs institutions à commencer par la première d’entre elles. De ces bombardements franco-onusiens sur la Résidence présidentielle d’un pays souverain avec lequel la FRANCE n’était pas en guerre,  il faudra bien un jour rendre compte !
Aujourd’hui où l’on rend solennellement hommage à 2 soldats militaires français tués en CENTRAFRIQUE, où des militaires -et non des moindres- ont commencé à parler après le non lieu inique de la CJR concernant l’implication de MAM dans le drame de BOUAKE (10), nous réitérons l’ouverture d’une Commission d’enquête parlementaire sur le rôle de la LICORNE en CÔTE D’IVOIRE depuis 2002, motions déposées à deux reprises en 2011 et 2012, mais toujours en souffrance sur le bureau de la Commission de la Défense et des forces armées comme beaucoup d’affaires du même ordre (11), car considérées comme portant atteinte aux prérogatives de l’Elysée qui voit encore l’Afrique comme une chasse gardée, à l’abri du contrôle parlementaire pourtant légitime et indispensable si l’on ne veut pas éternellement reproduire les erreurs du passé. « Un peuple qui oublie son histoire se condamne à la revivre de nouveau » disait CHURCHILL.
Christine COLIN-TIBALA
(11)  Proposition de résolution de juillet 2012 visant à créer une commission d’enquête sur le rôle de la Force Licorne en CÔTE D’IVOIRE renvoyée à la commission de la défense nationale et des forces armées, à défaut de constitution d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement : http://www.assemblee-nationale.fr/14/propositions/pion0131.asp
A noter d’ailleurs que la demande de résolution d’octobre 2012 tendant à la création d’une commission d’enquête relative à la recherche de la vérité dans l’assassinat de Thomas SANKARA a connu le même sort et a été renvoyée à  la Commission des affaires étrangères sur le fondement des mêmes articles dudit Réglement dont personne n’est capable de vous expliquer en quoi ils consistent, pas même les Députés : http://www.assemblee-nationale.fr/14/propositions/pion0248.asp

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